Transition énergétique : Madagascar lance sa stratégie nationale pour la cuisson propre
Ce jour, Madagascar a franchi un nouveau cap dans la lutte contre la déforestation et les problèmes de santé publique liés aux combustibles solides, en annonçant l'élaboration de sa lettre politique sur la cuisson propre.
Situation critique
Cette initiative, soutenue par des partenaires internationaux, vise à réduire la dépendance des ménages malgaches aux combustibles tels que le bois et le charbon, responsables d'importants dégâts environnementaux et sanitaires. « La situation actuelle est alarmante », a déclaré Dr Édouard Christophe, représentant du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). En effet, seulement 35,5 % des Malgaches ont accès à l'électricité, un taux qui tombe à 15,1 % dans les zones rurales. Pourtant, la situation est encore plus critique concernant les énergies de cuisson, avec 90 % de la population dépendante des combustibles solides, une pratique aux conséquences dévastatrices. le ministre Max Fontaine, représentant du ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD), a ajouté que « la cuisson au bois et au charbon est non seulement néfaste pour l'environnement, mais aussi pour la santé publique. » La déforestation, qui détruit chaque année plus de 90 000 hectares de forêts à Madagascar, est en grande partie due à l’utilisation du bois comme combustible. Jean Baptiste Olivier, ministre de l'Énergie et des Hydrocarbures, a souligné que cette pollution intérieure causée par les combustibles solides est responsable de plus de 26 000 décès par an, dont beaucoup concernent des enfants de moins de cinq ans. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2023, 22 % des décès à Madagascar étaient directement liés à la pollution de l’air intérieur.
Opportunité
Face à cette situation, le gouvernement malgache, avec le soutien du PNUD, met en place un cadre stratégique pour promouvoir les énergies renouvelables telles que le solaire et le biogaz. L'utilisation de combustibles alternatifs comme le bioéthanol, ainsi que la distribution de gaz butane, figurent également parmi les priorités pour offrir des solutions de cuisson plus sûres. Le PNUD s'est fixé pour objectif de fournir un accès à une énergie durable à 500 millions de personnes d’ici 2025, un défi auquel Madagascar entend pleinement participer. Le ministère de l'Énergie a mis en place un comité ad hoc, présidé par le Secrétaire général Andriantsoa Thierry, chargé de piloter l’élaboration de la lettre politique. Ce comité regroupe différents acteurs issus des secteurs public, privé et international afin de coordonner une transition énergétique ambitieuse. En plus de réduire la déforestation et les décès liés à la pollution intérieure, cette transition vers des énergies de cuisson propre offre des perspectives économiques. Le développement d'équipements de cuisson améliorés et la promotion des énergies renouvelables ouvrent la voie à la création d'emplois locaux. « Cette initiative est une opportunité pour Madagascar de devenir un modèle de développement durable en Afrique », a conclu Jean Baptiste Olivier.