Indianocéanité : Comores et Madagascar, le point de jonction de l’histoire du Sud-Ouest de l’Océan Indien
Youssouf Alihamidi, activiste et historien Comorien, reconnait que Madagascar et les Comores partagent la même Histoire.
Les îles de cette région sont intrinsèquement liées
Bien qu’elles aient des drapeaux de différentes couleurs, quoique les rythmes des hymnes nationaux n’aient pas le même, elles ont des populations ayant une culture de base. Les échanges ne datent pas de la colonisation. Certes, leur lien a connu des hauts et des bas, cependant, la génération actuelle reconnaît que cet itinéraire historique a porté un fruit, la fraternité. Les Comores et Madagascar sont deux îles sœurs. Ces deux pays partagent la même histoire. Cette relation date du XVIIIe siècle. Au début, elle était mouvementée, l’hostilité a pris place dans le cœur des habitants des îles de la Lune. « Entre 1785 et 1823. La confédération Betsimisaraka et le Royaume sakalava étaient à leur apogée au XVIIIe siècle. Le Boina est sous le règne de la reine Ravahiny qui réussit à stabiliser son royaume et étend son influence sur ses voisins riverains du Canal de Mozambique. Les alliances ont été aussi bien établies entre Betsimisaraka-Sakalava Boina, Sakalava Boina-Imerina d’Andrianampoinimerina. Faute du tarissement de captifs à vendre à Madagascar, ces deux puissances côtières s’en prennent à Mayotte, Anjouan, Comores et l’Afrique de l’Est », a avancé l’historien doctorant à l’Université d’Antananarivo, Alex Randriamahefa. Après, un siècle, la relation est cordiale. Le mélange se ressent entre les deux pays. Tant que les Malgaches, les Comoriens connaissent Ramanetaka, ce noble malgache devenu souverain de Moheli, les Comores, l’île de Mayotte, ainsi que Madagascar, non seulement ces îles baignent dans le même océan, mais ont un point d’intersection. « Au début des années 1910, les Comores sont rattachées à Madagascar par la France. (Pendant cette période, les deux pays ont partagé les mêmes hôpitaux, les mêmes universités, les mêmes banques). Et apparemment, avant les Comoriens avaient les mêmes droits universitaires que les citoyens Malgaches. La Grande-île était pour la France un terrain de rêve et très favorable pour les activités agricoles liées à la plantation coloniale. Et faire venir les Comores dans la Grande-île c’est non seulement assurer d’avoir le contrôle administratif mais surtout pour pouvoir exploiter et tirer profit davantage de toutes cette main d’œuvre. En fait, après la perte de l’île de France, l’actuelle l’ile Maurice, la France était à la recherche d’un coin dans la zone pour s’y installer afin de garder sa mainmise dans la zone du Sud-Ouest de l’Océan Indien. Donc, réunir Madagascar et les Comores était pour elle un moyen d’avoir le contrôle mais aussi et surtout une bonne manière pour elle de regrouper une main d’œuvre capable de mener à bien ses activités agricoles, ainsi que la construction des bâtiments coloniaux. Il a fallu pour la France de beaucoup miser dans la construction de sa capitale politique et économique de la zone (Madagascar) Il ne faut surtout pas oublier que Madagascar n’était pas uniquement un simple pays colonisé, c’était aussi pour la France la capitale de l’administration coloniale durant cette période… Nous savons bel et bien que certains Malgaches n’ont jamais voulu l’introduction de la France à Madagascar. Ils étaient un peu plus favorables aux Britanniques qu’aux Français. Mais nous connaissons les rivalités entre les empires coloniaux durant cette période, la France a fini par s’y installer », explique l’historien Comorien Youssouf Alihamidi. Effectivement, l’histoire de ces deux pays a laissé un grand héritage culturel (artisanat, gastronomie,…) mais surtout sur le plan linguistique. Les Comoriens ont bénéficié du savoir-faire malgache jusqu’à l’époque du fameux kafa la mdjanga (conflit malgacho-comorien à Majunga).