Championnat WBPF : Deux bodybuilders malgaches décrochent de l'or et de l'argent
Aux championnats du monde WBPF en Indonésie, deux athlètes malgaches ont décroché l’or et l’argent. Une réussite éclatante obtenue sans soutien public, qui met en lumière les paradoxes d’un système sportif fragile, où la performance repose davantage sur la volonté individuelle que sur l’accompagnement institutionnel.
Performance et détermination
Le week-end dernier, à Batam, Indonésie, le bodybuilding mondial a découvert ou redécouvert la ténacité des représentants malgaches. Deux athlètes seulement avaient fait le déplacement, mais leurs prestations ont suffi à placer Madagascar parmi les nations les mieux classées du tournoi. Dans la catégorie 80–85 kg, Rakotomandimby Rado a récupéré le titre qu’il avait déjà conquis par le passé. La précision de ses poses et sa maîtrise scénique n’ont laissé aucune marge d’hésitation au jury.
Dans un tout autre gabarit, celui du « Classic Physique » pour les athlètes de moins de 1m75, Maurice Marinjara a décroché la médaille d’argent, confirmant le potentiel d’un pays rarement associé aux sports de force. Ces résultats, pourtant, n’ont rien d’une évidence : ils sont le fruit d’une préparation autofinancée, de mois d’effort loin des standards d’encadrement dont bénéficient les grandes nations du muscle. Le contraste entre la qualité de leurs performances et les conditions précaires dans lesquelles elles ont été construites dit déjà beaucoup.
Politique sportive nationale
Si leurs médailles suscitent la fierté, elles soulèvent surtout une question devenue récurrente : pourquoi les disciplines émergentes, même lorsqu’elles offrent de la visibilité au pays, restent-elles en marge du soutien public ? Les deux bodybuilders l’ont affirmé ouvertement : aucune aide du ministère de tutelle n’est venue alléger les frais de déplacement ni accompagner leur préparation. La fédération, faute de budget, n’a même pas pu être du voyage. Ce décalage entre discours officiels — promesse d’équité entre les disciplines — et réalité du terrain nourrit un malaise croissant chez les observateurs. Le bodybuilding malgache, pourtant, progresse d’année en année. Ses athlètes, souvent livrés à eux-mêmes, parviennent à se hisser au niveau international grâce à une passion qui vient suppléer l’absence d’infrastructures adéquates.
Les médailles de Batam ne sont donc pas seulement une victoire sportive : elles révèlent l’urgence d’un débat de fond sur la place accordée aux disciplines moins médiatisées et sur la cohérence des politiques sportives.
Elles rappellent surtout que, faute d’appui, ce sont encore les athlètes eux-mêmes qui portent à bout de bras le drapeau national.



