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Nationale

Santé publique : Maintenir la vaccination, un défi pour Madagascar en période de transition

26/10/2025 15:18 © Moov.Mg

Alors que Madagascar traverse une période de transition politique, les organisations de la société civile appellent à maintenir la vaccination parmi les priorités nationales. Elles rappellent les progrès déjà accomplis et mettent en garde contre les risques d’un désengagement financier de l’État.

Faiblesse du financement national de la vaccination

Le consortium des organisations de la société civile HINA, NOSYW et CCOC a lancé, vendredi 24 octobre 2025, un plaidoyer en faveur du maintien et du renforcement des programmes de vaccination à Madagascar. Dans un contexte d’instabilité, marqué par des incertitudes politiques et budgétaires, ces acteurs estiment urgent de préserver les acquis obtenus ces dernières années. « La continuité des actions est essentielle pour ne pas perdre les avancées déjà réalisées », a déclaré Miarosata Rakotonirina, assistant du programme de plaidoyer pour la vaccination et le financement des soins de santé primaires. Selon lui, la part du financement national reste insuffisante. En 2025, la Loi de Finances Initiale alloue 73,8 milliards d’ariary au programme de vaccination, soit environ 8 % du budget du ministère de la Santé publique. Mais plus de 80 % de ces fonds proviennent de bailleurs extérieurs, et la contribution nationale de 1,85 million USD exigée par Gavi n’est pas clairement identifiée dans le budget.
Le consortium rappelle que les parlementaires, réunis en deuxième session ordinaire depuis le 21 octobre, devront examiner prochainement la Loi de Finances 2025. La société civile plaide pour que la santé et la vaccination y soient explicitement renforcées.

Des financements internationaux fragilisés

La question du financement durable de la vaccination devient d’autant plus cruciale que les soutiens internationaux montrent des signes de fragilité. Lors du sommet de Gavi à Bruxelles, en juin 2025, les États-Unis ont officiellement mis fin à leur contribution à l’Alliance, autrefois fixée à un milliard de dollars par an jusqu’en 2030. Cette décision, conjuguée à une conjoncture économique incertaine, pousse Madagascar à envisager des solutions internes. Pour Faniry Hantarinivo, présidente du conseil d’administration de la plateforme HINA, il est impératif que les autorités clarifient rapidement les orientations de la coopération avec les partenaires techniques et financiers.

Par ailleurs, les OSC encouragent la mise en place de mécanismes de financement innovants, à l’image d’une taxe sur les boissons sucrées, qui pourrait être dédiée à la santé publique et à la vaccination. Cette piste, déjà évoquée dans plusieurs pays, constituerait un levier de financement durable et adapté au contexte national.


Copyright Image : © Faniry Hantarinivo, PCA Vovonana HINA

Des progrès en matière de vaccination

A noter que Madagascar a enregistré des progrès notables en matière de santé publique. L’éradication du poliovirus de type 1, annoncée en mai 2025 par l’Organisation mondiale de la santé et l’UNICEF, témoigne de l’efficacité des campagnes de vaccination menées dans le pays. Ces efforts ont permis de protéger près de 19 millions de personnes, avec un taux de couverture atteignant 95 %. Pour la société civile, ce succès illustre la nécessité de consolider les acquis. « La santé et la vaccination doivent rester des priorités nationales, quel que soit le futur mode de gouvernance du pays », insiste Faniry Hantarinivo.
Depuis plusieurs années, la société civile multiplie les actions pour renforcer la gouvernance du secteur vaccinal. Elle a participé à l’élaboration de la loi n° 2016-058 créant le Fonds national de vaccination, dont le décret d’application reste attendu. Elle a également appuyé la création d’une coalition parlementaire pour la vaccination et initié des programmes de renforcement des capacités des femmes maires, afin d’intégrer la vaccination dans les budgets communaux.

Un appel à la responsabilité nationale

Le consortium HINA–NOSYW–CCOC appelle le gouvernement, le Parlement et les autorités locales à assurer la continuité des engagements et à accroître la part nationale du financement de la vaccination. La société civile salue la volonté affichée des autorités de faire de la santé publique une priorité dans cette période de refondation, mais insiste sur la nécessité de traduire cette ambition en actes concrets. « Il est urgent d’assurer le paiement de la contribution nationale de 20 % pour l’achat des vaccins et de sécuriser les financements afin d’éviter toute rupture d’approvisionnement », insiste Faniry Hantarinivo.
Les acteurs du secteur espèrent que la future Loi de Finances 2026 reflétera cette priorité, marquant un engagement clair à maintenir la vaccination comme pilier du développement social et de la protection des enfants malgaches.



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