Art contemporain : La Fondation H rouvre ses portes avec l’exposition « Correspondances » de Roméo Mivekannin
Fermée depuis quelques temps à cause de la crise récente qu’a traversée Madagascar, la Fondation H à Ambatomena Analakely rouvre au public à partir de ce 24 octobre 2025. Pour marquer cette reprise, elle présente Correspondances, une exposition de l’artiste franco-béninois Roméo Mivekannin, visible jusqu’au 21 mars 2026.
Après une période de silence imposée par le contexte national, la Fondation H rouvre ses espaces d’exposition, son café, sa boutique et sa bibliothèque. Accessible gratuitement au public, ce lieu culturel, devenu une référence à Antananarivo pour la promotion de la création contemporaine, signe ainsi son grand retour avec une exposition inédite.
Créations inspirées des cartes postales coloniales
L’artiste invité, Roméo Mivekannin, propose Correspondances, une œuvre conçue spécialement pour la Fondation H. L’exposition, placée sous le commissariat de Hobisoa Raininoro, explore les liens entre histoire, mémoire et identité dans un dialogue entre la France, le Bénin et Madagascar. À travers Correspondances, Roméo Mivekannin interroge la manière dont les récits historiques et les images coloniales ont façonné notre mémoire collective. L’artiste s’est inspiré des cartes postales coloniales, autrefois utilisées pour diffuser une vision idéalisée du monde, qu’il transforme ici en peintures textiles. Ces œuvres deviennent des supports de réflexion sur le passé et sur la façon dont il résonne encore aujourd’hui. Le titre Correspondances fait référence à la fois à ces échanges d’images et à la correspondance symbolique entre différentes époques, territoires et expériences humaines. L’exposition invite ainsi à une réappropriation critique du passé et à un dialogue entre les cultures.
Deux ensembles d’œuvres inédites
L’exposition présente deux ensembles d’œuvres majeures, toutes inédites. La première, intitulée Fahatsiarovana, qui signifie « souvenir » en malgache, est une installation monumentale de 20 mètres de long, réalisée en collaboration avec des artisans ferronniers malgaches. Elle s’inspire des asen, autels portatifs vaudous, et entre en résonance avec les reliques et stèles funéraires malgaches. La seconde série rassemble des peintures textiles créées sur des draps cousus, infusés d’élixirs conçus par l’artiste lui-même. Ces œuvres, inspirées de cartes postales anciennes, sont rehaussées de broderies réalisées par des artisanes malgaches. Produites entre ses ateliers de Toulouse et d’Antananarivo, elles traduisent une rencontre entre savoir-faire local et expression artistique contemporaine.
Interroger les traces du passé
Né en 1986 à Bouaké, en Côte d’Ivoire, Roméo Mivekannin vit et travaille entre Toulouse et Cotonou. D’abord formé à l’ébénisterie avant d’étudier l’histoire de l’art et l’architecture, il a développé une œuvre où se mêlent peinture, sculpture et installation. Sa démarche artistique s’ancre dans une réflexion sur la mémoire, l’identité et les héritages culturels. Pour lui, la création est un moyen d’interroger les traces du passé et de proposer des gestes de réparation symbolique. À la Fondation H, cette approche prend une dimension particulière à travers le dialogue qu’il établit avec la culture malgache.
En parallèle à Correspondances, le public peut continuer à découvrir Safiotra [Hybridités/Hybridities] de l’artiste britannique d’origine nigériane Yinka Shonibare, toujours visible au rez-de-chaussée de la Fondation.
