Evaluation de la FAO : Madagascar a perdu près de 3,8 millions d’hectares de forêts en 35 ans
La superficie forestière de Madagascar continue de reculer, malgré un léger ralentissement de la déforestation depuis 2015, d’après le rapport 2025 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Une perte forestière massive
Madagascar a vu disparaître près de 3,75 millions d’hectares de forêts entre 1990 et 2025. Selon le rapport Évaluation des ressources forestières mondiales 2025 (FRA 2025) publié par la FAO, la superficie forestière est passée de 13,68 millions d’hectares à 9,92 millions d’hectares sur cette période. Ce recul représente une diminution de 27 % du couvert forestier national en 35 ans, soit une perte moyenne annuelle de plus de 100 000 hectares. La FAO observe une tendance de déforestation continue depuis le début des années 1990, liée à plusieurs facteurs combinés : défrichements agricoles, feux de brousse, exploitation de bois de feu et production de charbon de bois. Les régions de l’Est et de l’Ouest de la Grande île, abritant les principales forêts humides et sèches, sont les plus touchées.
L’analyse de la FAO montre que le rythme de la déforestation a atteint son plus haut niveau entre 2010 et 2015, avec près de 163 000 hectares de forêts perdus par an. Depuis, le phénomène connaît un léger ralentissement, évalué à environ 135 000 hectares par an sur la période 2020-2025. Malgré cette décélération, la tendance générale reste négative : la couverture forestière nationale continue de reculer d’année en année. Le rapport souligne que ce ralentissement s’explique, en partie, par une meilleure surveillance du territoire grâce aux outils de télédétection et aux données du Laboratoire d’Observation des Forêts de Madagascar (LOFM). Toutefois, ces avancées techniques n’ont pas encore permis d’inverser la courbe des pertes forestières.
Des efforts de reboisement insuffisants
Les initiatives de reboisement demeurent limitées face à l’ampleur des pertes. La FAO estime que les superficies plantées s’élèvent à environ 11 000 hectares par an sur la période 2020-2025. Ces plantations, principalement composées d’Eucalyptus, de Pinus et d’Acacia mangium, ne représentent que 2,4 % de la couverture forestière totale du pays. Le reste correspond aux forêts naturelles, dont la qualité écologique se dégrade progressivement. Le rapport rappelle que le Programme national de reboisement 2007-2012, qui visait la restauration de 250 000 hectares, n’a pas atteint ses objectifs. À mi-parcours, seulement 34 000 hectares avaient été reboisés. Ces résultats illustrent les difficultés à mettre en œuvre des programmes de reforestation à grande échelle dans un contexte de forte pression démographique et économique.
Renforcement de la gouvernance forestière
Madagascar est reconnu comme l’un des dix principaux « hotspots » mondiaux de biodiversité, abritant plus de 80 % d’espèces endémiques. La perte continue des forêts naturelles fragilise ces écosystèmes uniques et accentue les risques d’extinction pour de nombreuses espèces. Les forêts primaires, peu modifiées par l’homme, représentent encore environ 77 % des forêts naturelles, mais cette proportion tend à diminuer. Au-delà de la biodiversité, la déforestation affecte également la régulation du climat, la fertilité des sols et la sécurité hydrique. La FAO avertit que la disparition des forêts menace les moyens de subsistance de millions de Malgaches dépendant directement des ressources forestières.
Le rapport de la FAO appelle à renforcer la gouvernance et la gestion durable des forêts à travers une meilleure coordination des politiques publiques, un suivi plus rigoureux par télédétection et la participation plus importante des communautés locales. En 2025, les forêts couvrent environ 17 % du territoire malgache, contre plus de 23 % en 1990. La FAO souligne que seule une stratégie nationale cohérente, associant protection, restauration et reboisement, permettra de freiner durablement la déforestation et de préserver un patrimoine naturel vital pour le pays et la planète.