Arts martiaux - Le Kung fu malgache sort de l’ombre pour ses 45 ans
Discipline longtemps considérée comme périphérique, le Kung fu malgache affirme aujourd’hui son poids dans le paysage sportif national. À l’occasion de ses 45 ans, il se structure, s’ouvre à l’international et gagne en reconnaissance.
De la marge au centre
Né en 1980 dans un contexte encore peu favorable aux disciplines asiatiques, le Kung fu à Madagascar a longtemps évolué en dehors des projecteurs officiels. Aujourd’hui, 45 ans plus tard, il s’affiche comme un sport majeur en termes de pratiquants, de structuration et d’engagement citoyen. Dès janvier 2025, une série d’activités a été lancée pour marquer cette année historique. L’événement le plus symbolique ? Un échange technique inédit avec l’île Maurice, où des maîtres malgaches reconnus partageront leur savoir-faire. Ce déplacement est une première étape vers une diplomatie sportive plus affirmée dans la zone océan Indien. « Cette reconnaissance internationale est le fruit d’un long combat pour la crédibilité », déclare Grand Maître Avoko, président de la Fédération malgache de Kung fu. Avec près d’un demi-million de pratiquants à travers le pays, répartis dans 15 ligues et des centaines de clubs, la discipline ne peut plus être ignorée.
Structuration, légitimité et ouverture au public
Mais la professionnalisation du secteur est aussi au cœur de cette année charnière. La rénovation du Temple de Pierre Mizael à Ambatomirahavavy illustre cette volonté : il deviendra un centre national d’entraînement, accessible au public, combinant patrimoine culturel et exigence sportive. L’autre défi est institutionnel : en décembre 2025, des élections générales renouvelleront les organes dirigeants, du niveau fédéral jusqu’aux sections locales. L’objectif est de renforcer la gouvernance et de préparer une nouvelle génération de leaders. Dans un contexte où l’encadrement flou de certains clubs inquiète, la fédération rappelle que seuls les établissements agréés sont autorisés. « Nous ne tolérerons aucune dérive. Le respect des règles est non négociable », prévient Grand Maître Avoko. Alors que les arts martiaux chinois gagnent du terrain dans les politiques sportives nationales, le Kung fu malgache s’impose comme un acteur structuré, ambitieux, et désormais incontournable.