États membres de la SADC : Les téléphones portables au cœur de la transformation statistique
Les États membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont Madagascar, adoptent les données issues des téléphones mobiles pour renforcer leurs systèmes statistiques nationaux. Cette orientation a été actée lors d’un atelier régional tenu à Johannesburg, du 19 au 22 mai 2025, avec pour objectif de répondre aux limites des méthodes traditionnelles de collecte de données.
Des données numériques pour produire des statistiques
Réunis à Johannesburg, les représentants des États membres de la SADC ont réaffirmé leur volonté d’intégrer les données issues des téléphones mobiles (MPD) dans leurs systèmes statistiques nationaux (SSN). Face aux défis rencontrés par les Instituts nationaux de la statistique (INS), cette initiative vise à moderniser la production de données afin de soutenir la prise de décisions politiques fondées sur des éléments fiables et en temps opportun.
Les MPD ouvrent de nouvelles perspectives dans plusieurs domaines clés : mobilité de la population, planification du trafic, gestion des urgences, tourisme ou encore analyse des migrations. Selon le Dr George Ah-Thew, Responsable principal du programme TIC de la SADC, la forte pénétration du mobile dans la région, estimée à 95,2 % en 2024, démontre la capacité des pays à tirer parti de ces données numériques pour produire des statistiques réactives et adaptées aux besoins actuels. L’atelier a rassemblé un large éventail d’acteurs issus du secteur public et privé, dont les ministères des TIC, les Autorités de régulation, les Opérateurs de réseaux mobiles, les INS et les Agences de protection des données. Cette collaboration est essentielle pour assurer une exploitation cohérente, éthique et harmonisée des données mobiles à l’échelle régionale.
Amélioration de la fiabilité des statistiques
M. James Mutandwa Madya, président de la SADC et représentant du Zimbabwe, a rappelé que cette initiative s’inscrit dans le Plan indicatif stratégique de développement régional (RISDP) 2020–2030 et dans la Vision 2050 de l’organisation. Il a appelé à une harmonisation des pratiques et à un soutien accru aux cadres régionaux tels que le Cadre des données massives, la Stratégie de transformation numérique et le Cadre pour l’inclusion numérique.
La Banque mondiale, par l’intermédiaire de sa Facilité mondiale des données (GDF), apporte un appui technique et financier à l’initiative. Une nouvelle fenêtre de financement a été ouverte pour aider les pays à développer leurs structures institutionnelles MPD. Les États membres ont jusqu’au 30 juin pour soumettre leur déclaration d’intérêt, les subventions devant être allouées en septembre 2025. Madagascar a participé activement à l’atelier et a marqué son adhésion à cette stratégie régionale. L’adoption des MPD représente pour le pays une opportunité d’améliorer la fiabilité et la rapidité de ses statistiques officielles, tout en renforçant sa capacité à planifier ses politiques publiques.
Transformation des systèmes
Selon M. Deepchandsingh Jagai, Responsable principal du programme statistique de la SADC, les MPD ne remplacent pas les méthodes classiques, mais les complètent efficacement. Leur utilisation permet une production statistique plus rapide, désagrégée et économique, contribuant ainsi à la modernisation des systèmes statistiques nationaux et à une meilleure réponse aux besoins des citoyens. L’atelier s’est conclu par des sessions techniques portant sur l’utilisation des MPD dans divers domaines, notamment les statistiques de population, la surveillance du bien-être en temps réel, les migrations et l’intelligence artificielle pour les INS. Ces échanges ont permis aux participants de mieux comprendre le potentiel des MPD et de préparer des plans d’action concrets pour leur intégration dans les systèmes nationaux.
