Au procès de P. Diddy, la défense lance ses premières piques contre Cassie
"Vous étiez incroyablement jalouse": la défense de P. Diddy a lancé jeudi ses premières piques contre son ancienne compagne, la chanteuse Cassie, après deux jours de témoignage accablant où elle a décrit les violences et sévices sexuels subis sous son emprise.
Casandra Ventura est la pièce centrale de l'accusation au procès ultra médiatisé du rappeur et producteur de 55 ans, tombé de son piédestal depuis que les accusations de violences sexuelles se sont multipliées contre lui en 2023.
La chanteuse américaine de R&B, 38 ans, a longuement raconté mardi et mercredi comment, peu après le début de sa relation avec le rappeur, avec lequel elle est restée une dizaine d'années, elle a été contrainte de participer à des "freak-offs": des marathons sexuels que P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, dirigeait et dont elle était le centre de l'attention mais aussi, selon elle, l'objet.
"Vous étiez incroyablement jalouse, c'est ce que vous avez dit", lui a lancé Anna Estevao, l'une des avocates de Sean Combs, au début de son contre-interrogatoire.
"Vous et Sean Combs avez été amoureux pendant onze ans, (...) vous l'aimiez, (...) vous preniez soin de lui", a-t-elle insisté.
Cassie n'a pas démenti: "Il est très charismatique, avec une forte personnalité que tout le monde adore", a répondu la chanteuse, décrivant une relation qui a démarré "très rapidement".
Pour appuyer sa démonstration, la défense a présenté au tribunal une série d'e-mails et de SMS dans lesquels Sean Combs et Cassie expriment leur amour l'un pour l'autre.
Dans certains de ces messages, datés de 2009, soit deux ans après le début de leur relation, la chanteuse dit être toujours prête à des "freak-offs".
"Flashbacks horribles"
Les avocats de la défense avaient laissé entendre avant leur contre-interrogatoire qu'ils tenteraient aussi d'appuyer sur le fait que la jeune femme prenait sciemment des drogues et avait un comportement erratique et parfois même violent.
"Etre un participant consentant à votre propre vie sexuelle ne constitue pas du trafic sexuel", a souligné en début de semaine Teny Geragos, une autre avocate de P. Diddy. Celui-ci est notamment poursuivi pour trafic sexuel et transport de personnes à des fins de prostitution.
Cassie a expliqué dans son témoignage que la prise de drogues lui permettait de se détacher, de se dissocier d'elle-même dans ces moments pénibles: "Cela me permettait d'être insensible, c'est pour ça que j'en consommais tant (...) c'était une sorte de fuite".
Le rappeur était en outre régulièrement violent avec elle, comme l'a illustré une vidéo accablante où on le voit se déchaîner contre elle dans un couloir d'hôtel en 2016.
Le couple a définitivement rompu en 2018, une séparation ponctuée par un viol, selon la chanteuse. Celle-ci a affirmé avoir souffert de "flashbacks horribles" durant les années qui ont suivi.
Mariée en 2019 avec Alex Fine, coach sportif et acteur, elle a raconté lui avoir confié, en 2023, avoir des idées suicidaires.
"Je n'avais plus envie de vivre", a-t-elle déclaré. "Je ne pouvais supporter la douleur que je ressentais." Cela l'a incitée à entamer une thérapie et une cure de désintoxication.
Cassie, qui a eu deux enfants avec Alex Fine, est enceinte d'un troisième.
P. Diddy est accusé d'avoir profité de sa notoriété et de ses moyens financiers pour forcer des femmes à participer à de longues séances sexuelles avec des hommes prostitués, qu'il regardait, filmait, et dont il menaçait de diffuser les vidéos si les victimes parlaient.
D'autres femmes sont attendues pour témoigner à ce procès au terme duquel Sean Combs, figure incontournable du hip-hop des trois dernières décennies, risque la prison à vie.
L'équipe des avocats de P. Diddy, qui plaide non coupable, souligne que si certains de ses comportements étaient discutables, cela ne constituait pas du trafic d'êtres humains.
Le témoignage de Cassie doit durer jusqu'à la fin de semaine, tandis que le procès se poursuivra jusqu'à cet été.