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Médecine & Santé

IVG dans la Constitution: le Congrès s'ouvre à Versailles, Attal souligne une "étape fondamentale"

04/03/2024 19:27 © Afp

Le Parlement est réuni lundi en Congrès à Versailles pour faire de la France le premier pays au monde à inscrire explicitement dans sa Constitution l'interruption volontaire de grossesse (IVG), "une étape fondamentale" selon Gabriel Attal.

Ce débat historique a été ouvert peu après 15H30 dans le décor très solennel du château et son gigantesque hémicycle où les 925 parlementaires sont appelés à graver l'avortement dans le marbre du texte fondamental.

"C'est une étape fondamentale que nous pouvons franchir. Une étape qui restera dans l'Histoire, une étape qui doit tout aux précédentes", a déclaré le Premier ministre, Gabriel Attal, en ouverture de la séance, qui devrait s'étirer jusqu'en début de soirée avec un vote sans suspense des sénateurs et députés.

"Nous avons une dette morale" envers toutes les femmes "qui ont souffert dans leur chair", a ajouté le chef du gouvernement, entré dans le Palais accompagné de Jean Veil, fils de Simone Veil, qui avait porté en 1974 la loi légalisant l'avortement en France.

La France est "à l'avant-garde, elle est à sa place", avait salué quelques instants plus tôt Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, première femme à présider le Congrès.

La plupart des autres parlementaires se sont rendus au Congrès en bus, immortalisant pour certains cette scène inhabituelle.

"La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse". Introduite à l'article 34, la phrase fera de la France une pionnière, à rebours de plusieurs pays où le droit à l'avortement recule, aux Etats-Unis ou en Europe de l'Est.

La cheffe de file des députés insoumis Mathilde Panot, à l'initiative de cette révision à l'Assemblée, a salué une "promesse" pour "les femmes qui luttent partout dans le monde", arborant une tenue verte, couleur de ralliement des militantes pro-avortement en Amérique latine.

"Nous continuerons pour celles qui résistent à Trump, Bolsonaro, Orbán, Milei, Poutine, Giorgia Meloni, sans oublier bien sûr les mollahs et les dictateurs théocratiques", a prolongé la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, recevant à plusieurs reprises une standing ovation du Congrès.

"Un combat"

En écho au vote de la France, le Vatican a vivement réagi: "A l'ère des droits humains universels, il ne peut y avoir de +droit+ à supprimer une vie humaine", a affirmé dans un communiqué l'Académie pontificale pour la Vie.

À quatre jours du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, et au cinquantième anniversaire du vote de la loi Veil, la réunion du Congrès parachève une longue bataille politique initiée par la gauche, portée par les associations féministes et finalement embrassée par le gouvernement.

L'émotion était palpable chez les défenseures du projet, notamment chez la ministre déléguée à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, arrivée en tenant sa mère par la main. "C'est un moment particulier, une part de nos histoires intimes et familiales. C'est un combat qu'elle m'a transmis", a-t-elle dit.

Une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés est requise pour approuver la révision constitutionnelle, la première depuis 2008. Elle devrait être atteinte sans difficulté, après les votes massifs de l'Assemblée nationale (493 députés contre 30) et du Sénat (267 voix contre 50) en sa faveur.

Même la droite et l'extrême droite, historiquement opposées ou politiquement sceptiques, ont fini par voter majoritairement pour la réforme.

Le vote du Sénat, longtemps considéré comme le principal verrou au projet, a notamment été frappant, avec un écart de voix inattendu dans un hémicycle encore très circonspect il y a un an, dans le sillage du président Gérard Larcher (Les Républicains), opposé.

Mobilisation

Le chef des députés LR Olivier Marleix a lui pointé le "risque" de créer "un droit absolu". Mais "nous le devons à la liberté des femmes", a-t-il reconnu.

Plus offensive, Marine Le Pen a raillé "un jour à la gloire d'Emmanuel Macron", avant que sa collègue Hélène Laporte n'estime que "la liberté que nous consacrons aujourd'hui ne sera jamais qu'une demi-liberté".

Plusieurs centaines de partisans de la réforme assistaient au vote grâce à une retransmission sur écran géant au Trocadéro, à Paris, à l'initiative de la mairie et de la Fondation des femmes. Un "scintillement spécial" de la Tour Eiffel est prévu au moment du vote.

"C'est un jour historique, un message à l'ensemble des féministes", s'est félicitée Sarah Durocher, présidente nationale du Planning familial, évoquant néanmoins "une première étape" avant d'ouvrir le chantier des moyens pour "l'accès à l'avortement".

Les opposants à l'IVG avaient eux prévu de se mobiliser à Versailles dans l'après-midi.

parl/sde/vk

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