Ville de Toliara - Les cimetières communaux surpeuplés
Le nombre en hausse des décès dus au coronavirus, les cimetières de la ville de Toliara affichent complets. Un futur « fasan’ny firaisam-po » serait-il en gestation ?
L’on ne sait plus où mettre les pieds. Des tombes et des caveaux jonchent depuis l’entrée du cimetière d’« Andolombazaha» à Antanambao. Au fur et à mesure que l’on y pénètre, il n’y a vraiment pas d’espace normal de passage. Il faut littéralement se faufiler entre les tombes et des trous recouverts de ciment construits à la sauvette. L’alignement des caveaux et des tombes n’est plus respecté. Des trous ont été creusés à côté, derrière ou devant des tombes et caveaux existants apparemment depuis longtemps, pour servir de tombes.
Le cimetière d’Andolombazaha existe depuis la colonisation d’où son nom qui signifie «cimetière des vazaha ». Selon un natif de Toliara, le cimetière « des chrétiens » a été créé non loin, par la suite, car durant l’ère des colons, les Malgaches ne pouvaient être enterrés au cimetière des Vazaha. Depuis les années 50, ils sont devenus des cimetières communaux. Actuellement, les deux cimetières sont surpeuplés. Difficile d’obtenir le nombre exact de tombes ou de personnes enterrées, mais l’on passe vite à une estimation d’environ trois mille tombes et caveaux pour Andolom# bazaha et pas moins de mille pour le cimetière des chrétiens.
Jusqu’au 6 mai, trente cinq décès officiels liés au coronavirus sont enregistrés depuis cette deuxième vague. Les emplacements dans ces deux cimetières sont très recherchés. Vu le fait que les personnes décédées de la Covid-19 ne peuvent quitter la région Atsimo-Andrefana, les emplacements libres commencent à être réduits. De plus, depuis le début de l’année, trois cents décès sont enregistrés au Bureau municipal d’hygiène (BMH), toutes causes confondues, même s’ils n’ont pas tous été enterrés à Toliara.
Mais le gardien d’Andolombazaha dit qu’il peut toujours trouver un petit bout de terre. À l’aide d’une pelle, il tâtonne ici et là. Si des corps ne s’y trouvent pas, alors il propose l’emplacement. « Quelquefois, on peut superposer les tombes si les défunts ont des liens de parenté et à condition qu’ils sont de même sexe et que les familles acceptent », explique-t-il.
Une femme est passée au cimetière chrétien à la recherche du tombeau de son père, décédé et enterré en 1968, mais elle n’a pas réussi à le retrouver. « On m’explique que nombreux tombeaux se sont affaissés au fil des ans et les corps engloutis avec l’édifice. Plus tard, d’autres corps sont venus se reposer à jamais sur l’emplacement », raconte-t-elle.
Un autre cimetière, mais plus petit, a été installé du côté de Mahavatse. Cependant, des habitations commencent à se mêler aux tombes. La commune propose également le cimetière d’Andranomena, mais la localité fait l’objet de différends fonciers depuis des années. Le maire de la commune rurale de Betsinjaka, Ferdinand Rakoto Arison, propose un vaste terrain du côté d’Ankalika. Les autorités ne se sont pas encore prononcées si c’est un futur Fasan’ny Firaisam-po pour Toliara ou un cimetière « normal »