Obsèques - Funérailles nationales pour Didier Ratsiraka
En guise de dernière danse, Didier Ratsiraka a eu droit aux honneurs militaires et étatiques, ainsi qu’à une inhumation au mausolée. Un dernier acte qui l’inscrit un peu plus dans l’histoire de la nation.
Le hasard fait bien les choses. Certains pourraient dire que l’expression est déplacée étant donné les circonstances, mais elle résume le contexte de la disparition de Didier Ratsiraka, ancien président de la République, à l’âge de 84 ans.
Comme un symbole, l’amiral, décédé le 28 mars, a été inhumé, hier, 29 mars. Ses funérailles coïncident avec le 74e anniversaire de la commémoration de l’insurrection d’indépendance de 1947. Comme un symbole, il reposera pour l’éternité aux côtés des « patriotes », au Mausolée d’Andrainarivo. Un lieu qu’il a fait ériger et dont la construction fut terminée en 1977. « C’est comme si Didier Ratsiraka avait voulu soigner sa sortie », réagissent quelques observateurs.
Effectivement, le féru de jeu d’échecs qu’était l’ancien Président semble avoir eu un coup d’avance sur le destin. Avec des obsèques le 29 mars et une mise en terre au Mausolée, il associe définitivement son nom à cette date historique. Durant une journée réglée comme du papier à musique , Didier Ratsiraka tire définitivement sa révérence, comme il a traversé ses cinquante années en politique, de manière grandiose et sans demi-mesure.
Qu’on l’idolâtre, ou qu’on le déteste, le Big-boss de la 2e République, surnommé « Deba », n’a laissé personne indifférente. Avec son esprit hors du commun et sa maîtrise des verbes et de la syntaxe, ainsi que son charisme, le polyglotte a toujours fasciné. Didier Ratsiraka était fascinant et ses funérailles l’ont été tout autant. Peu ont le souvenir d’une cérémonie de la même envergure.
Après deux mandats qui lui ont valu vingt-trois ans de présidence de la République, et étant le militaire le plus gradé avec cinq étoiles, l’amiral a reçu tous les honneurs. Les circonstances sanitaires ont imposé que l’enterrement soit fait rapidement. Seulement, malgré un temps de préparation très court, sur terrain, il n’y a pratiquement pas eu de fausse note.
Après une veillée à la chapelle de l’Hôpital militaire (HOMI) de Soanvinandriana, où il a rendu son dernier souffle, dimanche à 6 heures 30, la levée de la dépouille de Didier Ratsiraka s’est déroulée à 11 heures. Son cercueil recouvert du drapeau national, porté par six officiers supérieurs des forces navales, a pris le chemin du palais d’État d’Iavo# loha dont-il a été le bâtisseur. Le convoi a, néanmoins, marqué une étape devant son domicile à Faravohitra.
À 12 heures 55 minutes, la cérémonie à Iavoloha a démarré avec l’arrivée du corps de l’ancien Président. La sonnerie aux morts claironnée par l’orchestre de l’armée a fait vibrer l’assistance, dans la cour d’honneur du palais. S’ensuivent un culte et les éloges funèbres. Le viceamiral Antoine de Padoue Ranaivoseheno, secrétaire général du ministère de la Défense nationale, a prononcé les éloges militaires.
Andry Rajoelina, président de la République, a déclaré, « peu de dirigeants ont autant fait preuve de patriotisme et d’abnégation pour l’intérêt du pays ». Il a, notamment, souligné, le retour au pays du jeune ministre des Affaires étrangères qu’a été Didier Ratsiraka, en 1973, avec le nouvel accord de coopération avec la France dans son escarcelle. Élysée Ratsiraka, ancien ministre, a parlé au nom de la famille.
C’est les larmes aux yeux que le professeur Ange Andrianarisoa, ténor du parti « Avant-garde pour la rénovation de Madagascar » (AREMA), fondé par Didier Ratsiraka, a clos les prises de parole. Le convoi, auréolé par des éléments du peloton monté et devancé par un cortège impressionnant de motards, a quitté le palais d’Iavoloha peu après 14 heures 30, pour le mausolée d’Ambohitsaina. Durant ce dernier trajet, les riverains des routes inscrits sur son itinéraire ont accordé un dernier bain de foule à Didier Ratsiraka.
La dépouille de l’amiral est arrivée au Mausolée d’Ambohitsina aux alentours de 16 heures 30. Sous le regard de sa famille, notamment, de ses trois filles et ses petits enfants, en présence du couple présidentiel, de membres du gouvernement et de hauts responsables des Forces de défense et de sécurité (FDS), Didier Ratsiraka a été placé dans le caveau du Mausolée des « patriotes ». Un dernier acte qui clôt cinquante années de vie politique et, probablement, autant de secrets d’histoire.
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