Crise - Le gouvernement reste imperturbable
Le 46e anniversaire de l’assassinat du colonel Richard Ratsimandrava a été commémoré, hier. Un événement étouffé par le brouillard de la conjoncture politique.
De l’assurance. Un sentiment qu’ont dégagé les membres du gouvernement ayant assisté à la cérémonie de commémoration de l’assassinat du colonel Richard Ratsimandrava, hier, à Ambohijatovo Ambony.
Bien que l’heure ait été au devoir de mémoire, le 46e anniversaire du meurtre de cet ancien chef d’État promu général à titre posthume n’a pas résisté au poids de la conjoncture politique. Autant le scénario de l’événement, que dans les différentes prises de paroles, la partition jouée par les responsables étatiques a été rédigée pour démontrer qu’ils ne se démontent pas, face aux multiples salves de l’opposition.
Tous les orateurs d’hier ont souligné le patriotisme de l’ancien Chef d’Etat assassiné le 11 février 1975. Un amour de la patrie qui l’a amené à assumer sa responsabilité et sa vision du modèle de gouvernance idéal pour Madagascar, même au péril de sa vie. Une qualité mise en avant par Christian Ntsay, Premier ministre, pour répliquer aux attaques des opposants. « À l’instar du colonel Ratsimandrava, les dirigeants ne reculeront pas face aux pressions et réprobations », déclare le chef du gouvernement.
Le locataire de Mahazoarivo a même repris la célèbre formule utilisée par le colonel Ratsimandrava, au moment où lui a été remis le pouvoir, le 5 février 1975, « tsy hiamboho adidy », ou « je ne tournerais pas le dos à mes responsabilités ». Sur sa lancée, Christian martèle ainsi, « tout comme Ratsimandrava, nous ne tournerons pas le dos à nos responsabilités (…) ». Il affirme alors, la détermination du gouvernement à garder le cap dans la concrétisation de la vision présidentielle.
L’assurance ressentie chez les tenants du pouvoir durant la cérémonie d’hier, a surtout été palpable chez les trois représentants des Forces de défense et de sécurité (FDS). Face à la montée de la tension politique, ces derniers jours, la presse présente, hier, avait souhaité avoir une réaction du Premier ministre. Il a, cependant, délégué le soin aux chefs militaires et policiers cet exercice.
Prenant en exemple l’épisode de l’histoire qu’est l’assassinat du colonel Ratsimandrava, le général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale, indique, « chassons de nos esprits toute idée d’affrontement causé par l’égoïsme. Oublions cette pratique ». Le général Richard Ravalomanana, secrétaire d’Etat à la gendarmerie nationale, quant à lui s’est voulu rassurant sur le fait que « le pays est en paix ».
Plus direct, le contrôleur général de police Fanomezantsoa Randrianarison, ministre de la Sécurité publique, soutient, « je demande à la population de rester calme et sereine. Nous, au sein des Forces de défense et de sécurité (FDS), sommes là pour défendre la population et les institutions qu’elle a mise en place par ses choix. Nous allons défendre les choix de la population face à toute tentative de créer des troubles ». Le général Ravalomanana renchérit, « l’État et la population ont des forces de l’ordre aux aguets ».
Outre le soutien « aux institutions légales », le scénario d’hier a, également, été échafaudé pour réaffirmer l’unité et la symbiose des trois corps au sein des FDS. Une fois n’est pas coutume, les patrons de la police nationale ont pris la parole durant une cérémonie de commémoration du 11 février. Les trois ministres représentants les FDS au sein du gouvernement ont été au diapason autant dans les gestes que les verbes, hier.
« Les Forces de défense et de sécurité ont pour vocation de servir la nation, mais non pas la quête d’intérêts personnels », souligne, à deux reprises, le ministre de la Défense nationale, comme pour rappeler à l’ordre les éléments qui seraient tenter le clairon du schisme. En conclusion de son discours d’hier, Christian Ntsay a, par ailleurs, mis l’accent sur le respect de l’alternance démocratique. « Attendez les prochaines élections, car il y en aura. Le pouvoir quant à lui s’attachera toujours, à appliquer l’État de droit », tonne le Premier ministre.