Sénat - Le siège de l’opposition au MMM ?
Les membres de la Chambre haute ont procédé à l’élection des autres membres de son bureau permanent, hier. Le siège réservé à l’opposition reste, toutefois, vide.
Quid de l’opposition ? La question s’impose à nouveau dans les débats, alors que le Sénat vient d’élire les membres de son bureau permanent. L’élection qui s’est déroulée hier, au palais de verre d’Anosy laisse, en effet, un poste vacant. Il s’agit du siège de vice-président destiné à l’opposition.
La Constitution institue le statut de l’opposition et érige un chef de l’opposition. Elle ajoute que l’opposition a droit à un poste de vice-président à l’Assemblée nationale et préside au moins une commission. La loi fondamentale veut, du reste, que ses articles 71 à 79, relatifs à la Chambre basse, s’appliquent par analogie, au Sénat. Aussi, un troisième siège de vice-président est prévu à l’institution d’Anosy, pour le représentant des opposants.
Tout comme à l’Assemblée nationale où le siège du septième vice-président prévu pour l’opposition est désespérément vide, celui au Sénat est, également, vacant. Pour la Chambre basse, la vacance a pour motif le débat sur la qualité du chef des opposants. La loi portant statut de l’opposition prévoit que ce dernier jouisse du droit d’appartenance de plein droit au bureau de l’Assemblée nationale.
Dans un avis publié en 2014, la Haute cour constitutionnelle (HCC), soutient que le statut de l’opposition (…) concerne principalement l’opposition parlementaire constituée par l’ensemble des partis politiques qui ne forment pas la majorité parlementaire. Elle a publié un autre avis en 2017, pour dire que la loi portant statut de l’opposition connaît des lacunes et des insuffisances qui ne permettent pas de procéder, présentement, à la désignation du chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale.
Ces avis de la HCC ont été soulevés par le député Brunelle Razafitsiandraofa comme motif d’une proposition de loi modifiant celle portant statut de l’opposition. Adopté par l’Assemblée nationale, le texte attend d’être débattu et voté au Sénat. Il veut, notamment, que les sièges de vice-président réservés à l’opposition soient occupés par des parlementaires.
À la Chambre basse, l’opposition parlementaire est constituée par le groupe parlementaire Tiako i Madagasikara (TIM). Compléter le siège de septième vice-président de l’institution de Tsimbazaza devrait donc, n’être qu’une formalité, le cas échéant. Pour le Sénat, toutefois, c’est une autre paire de manche. La ligne des opposants n’y est pas encore tracée. Outre la coalition présidentielle IRD, le parti Malagasy miara-mihianga (MMM), est le seul à avoir pu faire élire des sénateurs.
À la base, pourtant, le MMM fait partie de la coalition présidentielle. Ses membres se sont même fait élire député sous les couleurs de l’IRD. Son chef de file, Hajo Andrianainarivelo, tient un portefeuille clé au sein du gouvernent. Ses ténors sont titulaires de postes importants à la présidence de la République et d’autres entités étatiques. Seulement, depuis les élections communales et ensuite lors des sénatoriales, le MMM a fait cavalier seul.
Durant ses campagnes, le MMM n’a pas hésité à charger des responsables locaux nommés en conseil des ministres. Pour bon nombre d’observateur, la logique politique devrait mener le MMM à s’ériger en opposant. Durant son mandat, le député ne peut, sous peine de déchéance, changer de groupe politique pour adhérer à un nouveau groupe, autre que celui au nom duquel il s’est fait élire, dispose, toutefois, la Constitution.
Cette barrière constitutionnelle peut compliquer les choses à l’Assemblée nationale. Au Sénat, néanmoins, le MMM a le champ libre. Si le parti a décidé de faire cavalier seul c’est pour affirmer son existence. Le statut d’opposition parlementaire lui permettrait de ne pas être phagocyté par la majorité écrasante à Anosy.
Bien que son chef de file martèle le soutien au président de la République, il est probable que le MMM se soit aligné aux sénatoriales puisqu’il souhaite faire valoir ses propres idées politiques. Des éditorialistes avancent aussi, la question éthique. Il n’est pas improbable que le parti décide quitter le pouvoir au dernier moment pour concourir à la présidentielle. C’était déjà le cas, en 2013.