Gouvernement - L’heure du jugement des ministres sonne
Chaque membre du gouvernement a en tête l’évaluation de la concrétisation de leur contrat-programme, en début d’année. Une épreuve qui pourrait déboucher sur un nouveau remaniement.
Une période fatidique. Les membres du gouvernement, ou du moins quelques-uns appréhendent les premiers jours du mois de janvier. C’est celle de l’évaluation des performances individuelles des membres de l’équipe gouvernementale. Une période qui a de grande chance d’être clôturée par un remaniement.
Outre le contrat-programme d’un an, la confection de plan d’action par ministère, à insérer au Plan émergence de Madagascar (PEM), s’ajoute aux critères d’évaluation. La crise sanitaire qui a mis sens dessus dessous l’année 2020, pourrait être une circonstance atténuante pour certains ministres. D’autres risquent, toutefois, d’être happés par les réalités du terrain.
Voahary Rakotovelomanantsoa, ministre de l’Eau, de l’assainissement et de l’hygiène, par exemple, n’arrive pas à se dépêtrer de la problématique de l’adduction d’eau dans les grandes villes, dont Antananarivo. Les actions d’urgence concrètes pour atténuer le choc de la sécheresse dans le Sud est toujours attendu du département de l’Eau. Il y a aussi, l’amoncellement des ordures dans la capitale à cause de la défaillance du SAMVA. Une entité sous tutelle de ce ministère.
Sa discrétion singulière lui épargne les déferlantes médiatiques et les interpellations du public. Seulement, Christian Ramarolahy, ministre de l’Energie et des hydrocarbures, ne peut pas être dédouané d’une part de responsabilité dans la sempiternelle incapacité de la JIRAMA à assurer des services satisfaisants dans la fourniture d’électricité. Alors que le cours du baril a sensiblement chuté sur le marché international, il n’est pas parvenu à le faire répercuter sur le marché local.
Les prix affichés sur le marché local donnent, justement, des maux de tête à Lantosoa Rakotomalala, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat. Elle peine à faire respecter les mesures gouvernementales pour contrer l’inflation. Le secteur privé, d’autre part, lui reproche de ne pas être suffisamment pris en compte dans les plans de relance post-crise.
Des ministres sont, quant à eux, bousculés par des paramètres politiques. L’épisode de la grogne des députés quant à l’insuffisance du crédit accordé à l’Assemblée nationale pourrait laisser de séquelles sur la situation politique de Richard Randriamandrato, ministre de l’Economie et des finances. Sa performance pourrait, également, être torpillée par la dégringolade du cours de l’ariary.
Après que son parti, le « Malagasy miara mihainga » (MMM), a fait cavalier seul aux sénatoriales, Hajo Andrianainarivelo, ministre de l’Aménagement du territoire et des travaux publics, est poussé dehors par un courant au sein de la coalition présidentielle. Ceci, bien qu’il pilote, pourtant, la majorité des projets d’infrastructure inscrits dans les « Velirano », du chef de l’État. Dans le lot, des ministres s’en sont, néanmoins, bien débrouillés.
Nouvelle venue au sein de l’équipe, Marie Michelle Sahondrarimalala, ministre de l’Education nationale, a réussi son galop d’essai qu’est l’organisation, sans anicroche, des examens nationaux. Elle est même parvenue à éclipser les scandales qui ont secoué son département. Pareillement, pour Béatrice Assoumacou, ministre de l’Enseignement supérieur. Le baccalauréat s’est fait sans encombre.
Tant bien que mal, Baomiavotse Raharinirina, ministre de l’Environnement et du développement durable, essaie de donner un nouveau souffle à son département afin qu’il ait un impact réel sur la politique étatique. La période de pandémie a, du reste, été l’occasion pour les ministres de tutelle des Forces de défense et de sécurité (FDS), de s’illustrer. Ils seront, toutefois, également, évalués sur la situation sécuritaire et la discipline des troupes.
Il ne reste plus que quelques jours donc, avant l’heure des évaluations des ministres. S’estimant à la traine, probablement, quelques-uns choisissent de miser sur les campagnes médiatiques. C’est ainsi, par exemple, qu’Angelica Michelle Bavy, ministre de la Population, de la protection sociale et de la promotion de la femme, s’est organisée une sortie de remise de don aux personnes âgées, en tenue miliaire, à Vohipeno, lundi.