Conjoncture - Le Premier ministre Christian Ntsay insubmersible
En près d’une heure, le Premier ministre a répliqué aux assauts des députés. En sept points, il s’est appliqué à défendre la ligne politique et les décisions du gouvernement.
Incisif et intraitable. Imperturbable durant les huit heures d’intervention des députés, et les cinq heures destinées aux réponses de chaque membre du gouvernement, il est presque minuit et demi lorsque Christian Ntsay, Premier ministre, a démarré sa prestation, au Centre de conférence internationale (CCI), d’Ivato.
Pour conclure le face-à-face avec les députés, le chef du gouvernement s’est employé, durant près d’une heure, à défendre les orientations stratégiques et les décisions étatiques, prises ces derniers temps. Il a laissé à ses ministres le soin de répondre aux questions d’ordre local. Le dossier épineux de la fourniture d’électricité et de l’accès à l’eau potable, le volet sécuritaire, la décentralisation et même les Îles éparses ont été abordés par le Christian Ntsay.
À s’en tenir aux propos du Premier ministre face aux députés, le Plan émergence de Madagascar (PEM), serait enfin en passe d’être bouclé. Déclinant ses réponses aux députés en sept points, Christian Ntsay s’est surtout attardé sur le volet social. Démarrant par la conjoncture sanitaire, le chef du gouvernement a réitéré l’impératif de continuer à respecter les gestes barrières contre la Covid-19. Il en appelle ainsi, à tous les responsables d’agir en conséquence.
« Notre objectif est d’éviter une deuxième vague », réaffirme le locataire de Mahazoarivo. Il a inscrit, par ailleurs, les questions sur le prix du riz dans le volet social. L’effectivité, sur l’ensemble du territoire, de la décision gouvernementale de plafonner à 550 ariary le « kapoaka » de riz, a été mise en doute à l’Assemblée nationale.
À entendre Christian Ntsay, le gouvernement s’en tient à cette mesure, du moins, jusqu’à ce que les fêtes de fin d’année soient passées. Il concède, néanmoins, que les efforts pour éviter une flambée du prix du riz doivent être soutenus. Le chef du gouvernement s’est, par ailleurs, montré particulièrement inflexible s’agissant de certaines décisions étatiques.
Dans leurs interventions, quelques députés ont, en effet, remis en cause les choix gouvernementaux au sujet du prix plancher de la vanille à 250 dollars. Le locataire de Mahazoarivo l’a ainsi, réaffirmé. L’État ne reviendra pas sur sa décision concernant le prix de référence de l’or vert de Madagascar. Selon les explications du Premier ministre, cette initiative « est un signal envoyé au marché international que le prix de la vanille ne changera pas », qu’importe la conjoncture internationale.
Revenir sur la décision de fixer le seuil minimum serait courir le risque de voir s’écrouler le prix de la vanille. À suivre l’intervention du Premier ministre, le but de l’Etat est d’avoir la main sur le prix de son or noir sur le marché international. Dans les cascades de questions et surtout de doléances des députés, il y a eu, par ailleurs, une intervention interrogeant sur l’avenir du prix à la pompe. Durant la crise sanitaire mondiale, en effet, le court du pétrole a chuté de manière vertigineuse. D’aucuns ont espéré une possibilité de baisse du prix du carburant à Madagascar.
Selon Christian Ntsay, l’objectif de l’Etat est d’abord de payer le passif de plus de 200 milliards d’ariary qu’il doit aux pétroliers. Ce qui serait en passe d’être fait, à l’entendre. « L'objectif, surtout, est d’éviter une nouvelle hausse du prix à la pompe », lance le Premier ministre. Une question sur la politique monétaire du gouvernement a, également, été posée par un député. Ceci, en partant du constat de la dévaluation incessante de l’ariary face au dollar et à l'euro.
Face à l’état de santé de l’ariary, le locataire de Mahazoarivo met en avant une solution à long terme. Il s’agit de la décision selon laquelle, dorénavant la Banque centrale s’alignera comme un acheteur d’or. D’ici la fin de l’année, d’après le Premier ministre, la Banque centrale devra parvenir à acheter « 250 kilos d’or ». Il affirme alors, « nous devons nous constituer une réserve d’or monétaire pour stabiliser la valeur de notre monnaie ». Sur sa lancée, Christian Ntsay, avance que l’Etat s’applique, également, à constituer un fonds souverain.