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Enseignement supérieur - Des victimes de corruption sexuelle dénoncent

11/12/2020 04:19 © Moov

La corruption sexuelle est un fait dans les universités. Si l’école de Médecine a été mise en accusation par RFI, d’autres facultés seraient également le théâtre de cette pratique. Quelques victimes témoignent.

La corruption sexuelle existe dans les universités. Des enseignants forcent leurs étudiants à avoir une relation sexuelle avec eux, en échange d’une bonne note aux examens ou à la soutenance de mémoire.

Sous couvert d’anonymat, quelques victimes parlent de leurs mésaventures avec leurs enseignants. Parmi elles, une étudiante de la faculté de l’Économie, de Gestion et de Sociologie. Le président du jury de son mémoire de maîtrise lui a fait des avances, au moment où elle préparait sa soutenance.

« Je suis allée dans son bureau pour lui remettre mon mémoire de fin d’étude. Lorsque j’ai terminé de lui présenter brièvement mon travail, il s’est approché de moi. Il m’a dit de l’embrasser sur la bouche. Surprise, je me suis levée et me suis écartée. Il m’a fait comprendre que le fait de l’embrasser le rendra disponible à la date de ma soutenance, fixée un samedi. J’ai refusé ses avances, j’ai quitté son bureau. Quelques jours plus tard, j’y suis retournée pour récupérer le mémoire avec les corrections. Il l’a jeté sur sa table et m’a dit que mon travail était médiocre, que je ne suis pas digne d’un diplôme de maîtrise. J’ai failli ne pas trouver la porte de sortie. J’ai pleuré comme une madeleine. J’étais persuadée qu’il avait raison et j’ai décidé de ne pas présenter mon mémoire. Ce sont mon encadreur et l’autre membre du jury qui m’ont convaincue du contraire. Apparemment, l’enseignant m’en voulait d’avoir refusé ses avances. Je n’étais pas sa première victime », témoigne-t-elle.

Une autre a été renvoyée du département de Géogra­phie, pour avoir refusé les avances d’un docteur. « Je n’ai pas pu assister à quatre épreuves sur dix à la première session de l’examen de la première année. Lorsque je suis allée présenter les pièces justificatives de mon absence, le responsable du niveau m’a signifié qu’il n'en tiendrait pas compte, si je n’acceptais pas de coucher avec lui. J’ai refusé. Mon nom figurait, par la suite, sur la liste des personnes renvoyées de ce département », témoigne cette femme qui rêvait de devenir une spécialiste de la géographie urbaine.

Certaines ne cachent pas qu’elles ont accepté les avances de leurs professeurs, pour passer au niveau supérieur. « Il suffit de fermer les yeux et de penser à l’avenir », avouent quelques-unes. La plupart des victimes sont des étudiantes, mais il y a aussi des étudiants qui disent avoir eu des pressions de la part de leurs enseignantes.

Si la corruption sexuelle à la faculté de Médecine a été fortement véhiculée, ces derniers jours, ces témoignages révèlent que la pratique est courante dans certains établissements de l’université d’Antananarivo. Un ancien président de cette université affirme qu’il a déjà entendu des cas dans les départements de Gestion, de Médecine, de Sociologie, de Géographie, durant son mandat.

« Une des victimes est venue me voir, avec ses parents, pour dénoncer un professeur du département de la Géographie. Nous avons convoqué ce dernier. Il a officieusement reçu un avertissement », indique-t-il. De quoi remettre en question la valeur de l’ensei­gnement et surtout, des diplômes. La présidence de l’université d’Antananarivo, actuelle, affirme ne pas avoir entendu des faits, depuis leur mandat.

Ces victimes ont accepté de témoigner, mais refusent de dénoncer leurs bourreaux. Très peu entament la procédure de plainte. « Par peur de représailles, par appréhension du jugement de la société, par souci des réactions de leurs bourreaux, par crainte que la dénonciation ait de l’impact sur leur avenir », explique Mialisoa Randriamam­pianina, du Transparency International# Initiative Madagascar, lors d’un débat en ligne sur la corruption sexuelle, il y a une semaine.

Dans ce débat, les intervenants ont incité les victimes à dénoncer leurs bourreaux. La professeure Hanta Marie Danielle Vololontiana, doyenne de la faculté de Médecine, qui a réagi, suite aux articles dénonçant la corruption sexuelle dans son établissement, incite les victimes à « dénoncer leur agresseur sur la plateforme i-to­roka du Bureau indépendant anti-corruption ». Les auteurs de corruption sexuelle encourent jusqu’à cinq ans de peine d’emprisonnement et une amende qui peut s’éle­ver jusqu’à dix millions d’ariary.

 

 

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