Conjoncture - Andry Rajoelina sur plusieurs fronts
Le président de la République est de retour au pays. Si la situation sanitaire paraît stable, la reprise présidentielle sera rythmée par plusieurs sujets d’actualité plus ou moins houleux.
UNE reprise pied au plancher. Après avoir passé quelques jours en famille, durant les vacances de la Toussaint, Andry Rajoelina, président de la République, est rentré cette nuit par le dernier vol de rapatriement. Il revient au front dans la gestion des affaires nationales. Une rentrée qui intervient dans un contexte relativement complexe.
Contrairement à ses homologues en Occident, le locataire d’Iavoloha peut être serein vis-à-vis de la conjoncture sanitaire. Bien que de nouveaux cas soient toujours enregistrés, la possibilité d’une deuxième vague de forte propagation, le coronavirus semble sous contrôle. La rentrée présidentielle sera, également, marquée par un rendez-vous qui sera l’événement majeur de la semaine. Il s’agit de l’inauguration du Rovan’Antananarivo réhabilité.
Outre la portée historique et culturelle de l’événement, l’inauguration du Rova devrait servir d’argument politique solide pour le chef de l’État. Le choix de la date, le 6 novembre, soit vingt-cinq ans, jour pour jour, après l’incendie qui a ravagé le site, indique que Andry Rajoelina, compte miser sur ce symbole, pour asseoir le statut de « bâtisseur », qu’il veut affirmer depuis son accession à la présidence de la République.
En bouclant en un peu plus d’un an la restauration du Rova, du reste, il est probable que le chef de l’État, prenne ce chantier en exemple pour affirmer que son ambition de « changer le visage de Madagascar en cinq ans », est réalisable. Il lui faudra, néanmoins, des arguments solides pour taire la polémique autour des innovations apportées sur le site. C’est le cas, notamment, du Colisée érigé sur l’ancien « Kianja Masoandro ».
La date de l’inauguration du Rova à peine annoncée, les frondes contre l’édification du Colisée reprennent vigoureusement. Andry Rajoelina aura quelques jours pour trouver les mots justes afin de convaincre les plus réticents. Le visage du Rova après sa restauration sera, toutefois, déterminant. D’ici vendredi, cependant, une reprise en main présidentielle est nécessaire sur des dossiers urgents et brûlants.
Annoncée pour la première partie du mois d’octobre, la gestation du projet de loi portant création de la 23e région semble prendre du temps. Le débat sur la place du district d’Ikongo dans le découpage en deux de la région Vatovavy Fitovinany est toujours vif. À cela s’ajoute une situation économique difficile. Après les mois de confinement et d’état d’urgence, et à cause de la crise sanitaire mondiale, l'ariary est au plus mal.
Alors que le taux de l'ariary s’enfonce dans un gouffre qui semble sans fin, l’inflation bien que prévisible, s’installe brutalement. Face aux réalités du terrain, la sortie médiatique du ministère du Commerce, la semaine dernière, ne suffit pas à rassurer l’opinion publique. Au regard de la situation, une réaction drastique de l’État semble nécessaire pour arrêter l’hémorragie. Durement touchées par la crise sanitaire, tout comme celle de l'État, les finances de la majorité des ménages sont toujours mal en point.
Stimuler la consommation est pourtant une voie incontournable pour relancer l’économie. Il faut donc que l'État trouve rapidement une solution pour briser la dynamique inflationniste. Après plusieurs mois de crise, par ailleurs, un nouveau choc économique ne serait pas bon pour la quiétude sociale. Le président et l'ensemble de l’Exécutif, par ailleurs, devront garder un œil sur le contexte politique. A l’approche des élections sénatoriales, la situation pourrait se corser.
Samedi, Richard Ravalomanana, secrétaire d’État à la gendarmerie nationale, soulève que le contexte politique est pris en compte parmi « les thèses » pour expliquer le relent d’insécurité meurtrière en zone urbaine et suburbaine actuellement. Une information qu'il livre, en marge d'une cérémonie au camp Ratsimandrava, à Andrefan’Ambohijanahary. Outre tous ces dossiers chauds, Andry Rajoelina, dès sa rentrée, sera amené à reprendre en main, en urgence, le plan d’aide aux personnes touchées par le « Kere », dans le Sud.
Le président de la République, durant sa dernière émission spéciale dans le cadre de la crise sanitaire a déclaré qu’après la lutte contre le coronavirus, la guerre contre le « Kere », est le nouveau front sur lequel s’engage l’État. Seulement, dans la perception de l’opinion publique et de certains natifs des zones touchées par l’insuffisance alimentaire, bien que déployée, la réponse étatique à la crise humanitaire qui sévit dans le Sud est considérée comme insuffisante. L’installation des dispositifs d’appui à moyen terme, du reste, semble accuser du retard.