Coup d'estoc contre Ravalomanana - Magro Behoririka scellé
Le magasin Magro d’Antanimena de la société AAA a été scellé hier après-midi par les autorités. Des manquements fiscaux motivent cette fermeture au relent politique.
Et de trois. Après les pavillons de l’esplanade Analakely, l’expulsion de la MBS à Anosipatrana, l’étau se resserre davantage autour de Marc Ravalomanana. Hier après-midi les autorités accompagnées d’un nombre important de forces de l’ordre sont venues sceller le magasin Magro Behoririka de la société AAA, anciennement Tiko.
Défaut de déclaration d’existence, défaut de disposition d’une carte fiscale à jour, non respect des obligations fiscales après mise en demeure en date du 10 août 2020. Voilà ce que l’on pouvait lire sur le scellé apposé par les autorités fiscales. Des sources officielles avancent que AAA doit à l’État des impôts et taxes d’un montant de 71 762 792 066,14 ariary.
Un coup contre Ravalomanana et son patrimoine a forcément un relent politique. Le gourou du rassemblement de l’opposition vient d’annoncer un grand meeting des la fin du confinement. Les partisans de l’ancien président crient à l’acharnement et prouvent, documents à l’appui, que AAA est s’est acquittée de ses obligations fiscales, les impôts sur le revenu, depuis 2017. Pour l’exercice 2019, la société AAA a payé ses impôts le 17 août, soit deux jours après la date limite fixée par la direction générale des impôts suite à un report à cause de la crise sanitaire. Le 15 août tombant un samedi, ceci explique le retard motif de la fermeture.
Concernant la carte fiscale 2020, les dirigeants de AAA avancent que la Direction des grandes entreprises a Amparibe la délivrera au plus tôt dans une semaine après avoir reçu l’avis de crédit de la Banque centrale.
Quant au montant dû par AAA à l’État, les proches de Ravalomanana soulignent que cela remonte à la crise de 2009 et qu’il s’agit d’une affaire pendante au tribunal. « Des négociations ont eu lieu. Comme l’État doit également de l’argent au Groupe Tiko, le tribunal a tranché pour un compte à faire et une compensation, c’est à dire on fait les comptes et on verra qui doit payer à qui » révèle un partisan de l’ancien président. Il rajoute que l’État doit encore dédommager le Groupe Tiko, principale victime du pillage de la crise de 2009, selon les termes de la Feuille de route signée par les protagonistes dont l’actuel président de la République.
Le fait est qu’effectivement, les oublis fiscaux de Tiko remontent aux années 90-2000. En 2001, le Groupe Tiko devait à l’État plus de 300 milliards d’ariary d’arriérés fiscaux. La bonne foi n’est donc pas la qualité première des dirigeants de la société Tiko. C’est d’ailleurs pour s’affranchir de ses arriérés qu’elle a changé de dénomination pour tenter d’apurer ses comptes.
L’État semble en tout cas déterminé à sceller le sort de la société AAA une bonne fois pour toutes. La direction générale des impôts donne ainsi jusqu’au 25 août au Tiko Toamasina pour régulariser ses arriérés fiscaux tandis que Magro Fianarantsoa et Tiko Andranomanelatra ont jusqu’au 27 août pour s’exécuter.
Mesures fiscales ou politiques, cette fermeture prive Ravalomanana d’une importante source de revenu et limite par ricochet sa marge de manœuvre politique. Déjà lors de la campagne électorale de 2018, il n’avait plus les moyens financiers qui lui permettaient de gagner haut la main la présidentielle de 2001 et de 2006 et de battre à plate couture Ratsiraka. Si la société AAA était définitivement fermée, cela se traduirait par la fin de la carrière politique de Ravalomanana, toujours redouté ses adversaires. Ce qui est grave socialement et économiquement, ce sont le nombre de gens qui vont perdre leur emploi en pleine crise sanitaire. Ils vont rejoindre la liste des travailleurs réduits au chômage par cette pandémie.
D’ailleurs, la plupart des sociétés et entreprises ont de grosses difficultés pour payer les taxes et impôts, faute de recettes. Le secteur privé a eu beau réclamer l’annulation du paiement des taxes et impôts au lieu d’un report, il prêche pour le moment dans le désert. Le sort de de la société AAA devrait advenir à d’autres entreprises si la décision n’était pas politique étant donné que tout le monde est dans la même galère.