Remaniement - Les questions ethniques et sexistes resurgissent
A l’approche d’un remaniement, les pressions fusent de toutes parts. Les critères ethniques et le genre sont relancés.
Compliqué. Le prochain remaniement du gouvernement ne sera pas une partie de plaisir pour le président de la République Andry Rajoelina et le premier ministre Christian Ntsay. Ils ont beau collecter un nombre important de CV et constituer une base de données de compétences à la suite d’un appel à manifestation au début de l’année, la méritocratie semble ne pas suffire pour former une équipe gouvernementale solidaire et efficace. Les critères ethniques, régionaux et les questions de genre hantent toujours les consultations et le casting.
Des paramètres hérités de la colonisation et toutes les peines du monde à s’en dépêtrer. Des politiciens à court d’arguments y ont surtout recours pour tenter de rester au pouvoir ou pour reconquérir le pouvoir. Au niveau de la population, le melting pot a fait que le clivage ethnique est de moins en moins perçu.
Toutes les ethnies se retrouvent à Antananarivo où on n’a jamais senti des dérives tribales quelle que soit la conjoncture politique. Les trois derniers présidents élus sont originaires d’Antananarivo et ils ont réalisé leur meilleur score lors de l’élection présidentielle en dehors de la capitale. La notion d’un président merina et d’un premier ministre côtier a été inventée par Ratsiraka mais que Ravalomanana a cassée.
« C’est une notion désuète. On doit dépasser ce critère ethnique dans la formation du gouvernement. La compétence, l’honnêteté et le patriotisme doivent être les seuls critères retenus. On a affaire à des Malgaches d’où qu’ils viennent », devait déclarer l’ancien journaliste Gilbert Raharizatovo sur un plateau de télévision.
Eh oui, dans le passé, on composait l’équipe nationale de foot avec des critères ethniques et régionaux et il a fallu attendre 2019 pour qu’on dispute la Can avec des joueurs expatriés et un entraîneur étranger.
Cela fait soixante ans qu’on procède de la même façon au niveau du gouvernement et le pays n’a cessé de s’enfoncer dans la pauvreté. L’origine d’un ministre n’a jamais été gage d’intégrité et de réussite. Il est grand temps de mettre un terme à cette pratique.
Partout dans toutes les régions, il y a des cadres compétents dans tous les domaines. Il est inutile de faire pression pour mettre untel ou untel ici où là si la compétence et l’honnêteté priment sur les autres considérations. Il ne devait y avoir le moindre problème si les trente membres du gouvernement viennent tous du Melaky, d’Alaotra Mangoro ou d’Anosy vu que ce sont tous des Malgaches.
Outre les questions ethniques, certains syndicats brandissent actuellement les considérations sexistes comme condition sine qua non pour le poste de ministre. Ils réclament un homme pour diriger le ministère de l’Education nationale. Une véritable clownerie.
C’est d’autant plus inadmissible que les Nations Unies recommandent la parité homme-femme dans les institutions. Mais ce n’est pas une obligation. Certains grands pays n’y accordent aucune importance. Tout dépend de la capacité de la personne à mener à terme la mission qu’on attend d’elle.
L’objectif est de pouvoir gagner les défis du développement. Cela n’est fonction ni de l’origine ethnique ni du sexe des membres du gouvernement.