Andry Rajoelina - « Rester confiné n’est pas une option viable »
Face aux ambassadeurs européens, hier, le président a loué les vertus du CVO. A l’entendre, le remède a permis d’éviter une hécatombe, alors que le confinement n’a pas permis d’éviter la propagation de la Covid-19.
Une option non viable. C’est en ces mots que le président de la République, Andry Rajoelina, a parlé du confinement en tant que stratégie de riposte à la propagation du coronavirus. Des mots qu’il a prononcés en ouverture du dialogue politique avec les ambassadeurs des Etats membres de l’Union européenne (UE), hier, au palais d’Etat d’Iavoloha.
Pour la première fois, depuis le début de la crise sanitaire, les propos présidentiels laissent donc entendre que le confinement n’est pas la solution idoine face à la Covid-19, pour la Grande île. « (…) Rester confiné chez soi n’est donc, pas une option viable », soutient le chef de l’Etat. Contrairement aux résultats enregistrés dans les Etats occidentaux et en Chine, le confinement n’a pas permis d’éviter la propagation du coronavirus, à Madagascar.
Ce constat, Andry Rajoelina l’explique en soulignant « la densité des habitants », dans les localités les plus touchées par le virus et la forte promiscuité dans laquelle ils vivent. Dans son discours d’hier, le président souligne pourtant que « les mesures d’anticipation et de prévention rigoureuses mises en place par l’Etat dès l’apparition des premiers cas », aient permis de limiter la propagation du virus sur le territoire.
Le locataire d’Iavoloha table même que « la grande majorité des régions et districts du pays a été épargnée par le virus et n’enregistre qu’un bilan minime pour l’heure ». Il reconnaît, néanmoins, que « malgré la vigilance de l’Etat, Madagascar a fait face à une menace de propagation forte du virus » dans les localités à forte densité que sont notamment, Antananarivo, Toamasina et Fianarantsoa.
Pour étayer que « le confinement n’est pas viable », le président déplore que dans ces villes, des familles vivent jusqu’à six dans une seule pièce. « (…) d’ailleurs la majorité de la population doit travailler tous les jours pour se nourrir », ajoute Andry Rajoelina.
Après plusieurs semaines de confinement, de déconfinement progressif et puis de reconfinement donc, le président de la République constate les craintes affirmées par plusieurs observateurs et analystes au début de cette crise sanitaire. Que le confinement ne suffira pas à stopper l’épidémie étant donné qu’il sera difficile de l’appliquer. Qu’au contraire, il fera plus de mal, que de bien en torpillant l’économie.
Dans l’ensemble, le confinement n’a, en effet, été que sur le papier. Et le chef de l’Etat l’admet : les dispositifs appliqués n’ont pas empêché les gens de sortir pour gagner leur vie. Pour les familles nombreuses et démunies, rester confiné dans une seule pièce est, physiquement et psychologiquement invivable. Sans parler des conséquences économiques et même sanitaires.
L’économie paie le plus lourd tribut dans la crise sanitaire, à cause du confinement. Plusieurs secteurs d’activités sont à terre. « (…) l’impact de cette pandémie sur Madagascar est considérable. Il est à la fois économique et social, principalement engendré par le confinement et les pertes de revenus », regrette le président. Les propos présidentiels d’hier, font écho à ceux qu’il a tenus, dimanche, sur la chaîne nationale.
« Le constat est qu’économiquement, le confinement n’est plus supportable pour les Malgaches », a déclaré Andry Rajoelina, dimanche, avant d’annoncer un déconfinement presque total à Antananarivo, et le retour à la normale de la vie à Toamasina. Jeudi, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a pourtant, une nouvelle fois fait part de ses craintes sur la hausse des cas de Covid-19, avec la réouverture des économies africaines.
A entendre son discours d’hier, à Iavoloha, le président de la République est, visiblement, décidé à rouvrir l’économie, sans perdre de vue la lutte contre la Covid-19. Pour gagner son pari, il avance comme atout, le Covid-Organics (CVO). « (…) la population a adopté le CVO dans son quotidien. Cela nous a permis, d’ailleurs, de limiter considérablement le taux d’infection. Compte tenu de la forte densité de la population, sans le CVO, nous aurions fait face à une véritable hécatombe », atteste-t-il face aux ambassadeurs européens.