Trafic de bois de rose : L’affaire Bekasy toujours en instance
Président d’une association régionale, Johnfrince Bekasy est toujours sous la coupe d’une tourmente judiciaire. L’instruction du dossier de trafic de bois de rose le concernant serait sur le point d’être bouclée
En phase finale. L’instruction de l’affaire Bekasy serait proche de son dénouement. C’est ce qu’a expliqué Berthin Mahonjo, procureur de la Chaîne spéciale contre le trafic de bois de rose et de bois d’ébène, hier. « Le traitement de ce dossier est toujours en cours d’instruction auprès de la chambre d’instruction de la Chaîne spéciale. Comme les auteurs présumés dans cette affaire sont éparpillés dans l’île, nous avons eu du mal à le boucler. Nous avons rencontré quelques difficultés à nous déplacer comptetenu des moyens matériels et financiers limités. L’instruction entre dans sa phase finale et je pense qu’elle sera enrôlée en audience à la Chaîne spéciale d’ici quelques mois », explique le procureur Mahonjo.
Les débats sur le dossier impliquant Johnfrince Bekasy, opérateur économique qui s’est fait un nom dans le secteur des bois précieux, notamment, le bois de rose, a été réveillé, hier, à l’hôtel Ibis, Ankorondrano. Durant la séance de questions-réponses faisant suite à la présentation du rapport d’activité annuel du Pôle anti-corruption (PAC), une question s’est posée sur le sort des affaires de commerce illicite de bois de rose traitées par l’ancienne Chaîne pénale anti-corruption (CPAC).
Institué pour remplacer la Chaîne pénale, le Pôle anticorruption a ainsi, pris le relais pour traiter tous les dossiers en instance auprès de cette ancienne juridiction. « Qu’en est-il des dossiers concernant le trafic de bois de rose ? On n’en entend plus parler, comme l’affaire Bekasy. Y-a-t-il eu des dossiers qui se sont perdus au cours de la passation entre la CPAC et le PAC ? », a lancé Ndranto Razakamanarina, président du conseil d’administration de l’Alliance Voahary Gasy, organisation non-gouvernementale à vocation écologique.
Une intervention du procureur de la Chaîne spéciale de lutte contre le trafic de bois de rose a été requise pour répondre à ces questions. Prise en main par la Chaîne pénale anti-corruption, en 2015, l’affaire Bekasy est donc, actuellement de la compétence de la juridiction spécialisée dans la lutte contre le trafic de bois précieux. Suite aux investigations menées par le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), l’opérateur économique avait été inculpé pour « des faits de corruption et infractions financières dans le cadre du trafic de bois de rose ». Suite à sa comparution devant la CPAC, Johnfrince Bekasy a écopé d’une mise en détention préventive, le 28 septembre 2015. Après avoir passé quelques semaines en prison, toutefois, l’homme d’affaires a été discrètement libéré. Alors que l’acte d’interdiction de sortie du territoire à son encontre n’aurait pas encore été abrogé, à l’épo# que, il a quand même pu quitter le pays. Ce qui avait attisé l’ire des organisations engagées dans la protection de l’environnement. Il est réapparu en public, durant l’année 2017.
Toujours sous la coupe d’une poursuite judiciaire donc, l’opérateur a fait une incursion dans la politique en soutenant des candidats à des mandats électifs, mais surtout en se portant candidat à la présidence de l’association des natifs de la province d’Antsiranana (FITEFA). Bien qu’il s’agisse de la présidence d’une entité à vocation sociale sur le papier, ce statut offre un spot de choix pour influencer les décisionnaires politiques, notamment, de la province concernée. Fraichement élu à la tête du FITEFA, le 1er mai 2017, Johnfrince Bekasy s’est exprimé brièvement sur son statut vis-à-vis de la justice. « Je suis un opérateur de bois de rose qui exerce de manière légale. J’ai tous les papiers légaux m’autorisant à exercer cette activité. J’ai encore beaucoup de bois en stock, des bois de rose exploités et entreposés légalement », a-t-il alors, soutenu. Dernièrement, il a revendiqué plus de sièges pour les natifs d’Antsiranana au sein du nouveau gouvernement. Contacté, hier, l’opérateur n’a pas souhaité réagir sur l’instruction du dossier l’impliquant auprès de la Chaîne spéciale contre le trafic de bois de rose. « Le dossier est encore en cours alors, je ne veux pas en parler », at-il répliqué.