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Nationale

Blanchiment d’argent - Madagascar reste un pays à haut risque

05/04/2019 04:39 © Moov

La Grande île est dangereusement vulnérable au blanchiment de capitaux. Des fonds qui peuvent être affectés au financement d’autres crimes, dont le terrorisme.

 

Risque élevé. Une expression de Boto Tsaradia Lamina, directeur général du Service de renseignement financier (Samifin). Le chef de file de l’entité chargée de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, concède que dans ce domaine, Mada­gascar reste un pays à haut risque.

Ce constat a été fait à l’issue d’un atelier de deux jours, à l’hôtel Colbert, Antaninarenina. Deux jours de cogitation durant lesquels, les acteurs concernés se sont appliqués à évaluer les risques en matière de blanchiment de capitaux et financement du terrorisme. « Les travaux se sont portés sur plusieurs thématiques. Seulement, dans la majorité des thématiques, les évaluations ont mené au constat qu’il y a toujours un risque élevé de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme dans le pays », explique le numéro un du Samifin.

Le faible taux de pénétration bancaire, le non respect de l’obligation de signalement d’activité ou transaction douteuse, ou encore, les failles du cadre judiciaire ont, entre autres, été identifiés comme étant les causes de la haute vulnérabilité du système financier malgache. « Les Malgaches gardent l’habitude des échanges en numéraires, même pour les grosses sommes, alors que, pour l’instant, la voix la plus efficace pour lutter contre le blanchiment d’argent sont les transactions bancaires et les signalement des banques », regrette Boto Tsaradia Lamina.

Les banques, selon les explications du directeur général du Samifin, sont les seules entités qui se soumettent à l’obligation de signalement d’activité suspecte. Il déplore que d’autres corps de métier et secteurs d’activités, faute d’autorité de régulation, ne s’y soumettent pas. Il s’agit, notamment, de la profession d’avocat, de notaire. Les casinos, ou encore, les agences immobilières sont, également, pointés du doigt.

Les jeux et le secteur immobilier ont été identifiés comme ceux où il y aurait le plus d’opportunité de blanchiment de capitaux. Le Samifin agit, pourtant, surtout sur la base des signalements d’activité suspecte. Les largesses légales sont, également, en cause dans le degré de risque élevé en matière de blanchiment d’argent et de financement de terrorisme dans la Grande île.

« Certes, la loi sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme est déjà en vigueur, mais l’on attend encore, les décrets d’application », explique Boto Tsaradia Lamina. Il y a, par ailleurs, le projet de loi sur le recouvrement et affectation des avoirs illicites qui a été boudé par l’Assemblée nationale.
Il s’agit pourtant, de l’une des principales innovations dans la nouvelle stratégie de lutte contre la corruption et les délits financiers.

Ce projet de loi qui reste toujours suspendu au bon vouloir des législateurs est le texte qui a l’un des arguments les plus dissuasifs pour ceux qui seraient tentés de s’adonner aux activités financières illicites. Le risque élevé issu de l’autoévaluation des acteurs malgaches due, en partie aux failles du cadre juridique fait, par ailleurs, que la Grande île fait toujours l’objet d’un « suivi renforcé », de la part du Groupe d’action financière (GAFI). La prochaine évaluation de cette dernière risque de plonger Madagascar dans sa liste grise.
Cette catégorisation risque de mettre à mal la fluidité des activités financières venant et à destination de la Grande île. Selon le numéro un du Samifin, une délégation va, justement, aller plaider la cause de Madagascar, dans les prochains jours, à Arusha, Tanzanie. « Nous allons essayer de convaincre nos évaluateurs d’atténuer leurs critères d’évaluation et faire un rapport sur les progrès que nous avons fait », indique Boto Tsaradia Lamina.

En cas d’échec de ce plaidoyer, Madagascar pourrait se voir, néanmoins, accorder un sursis, jusqu’en septembre, pour combler ses principales lacunes. « Et là on parle juste de conformité technique. Le volet effectivité est une toute autre affaire », souligne le directeur général du Samifin. Outre la probité du système financier, les enjeux de la lutte contre le blanchiment de capitaux sont, aussi, de bloquer le circuit des financements et des recettes des trafics de ressources naturelles, ou de drogues, entre autres, ainsi que du terrorisme.

 

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