Insécurité - Vifs sermons de l’église catholique

Nous allons porter plainte. Ce sont les mots de monseigneur Odon Marie Arsène Razanakolona, archevêque d’Antananarivo, pour conclure la déclaration faite à la presse, hier, à Andohalo. Fait rare, surtout pour le diocèse d’Antananarivo, des responsables de l’église catholique ont convié la presse, hier, pour réagir sur les événements nationaux, en l’occurrence l’inscéurité.

La raison est le décès du père Nicolas Ratodisoa, la semaine dernière. « Nous avons décidé de parler à cause du décès d’un prêtre à Mahitsy. Nous sommes obligés de parler même si nous ne sommes pas les seuls à pouvoir dire que nous sommes les seuls qui comptent des victimes parmi nos proches, ou dans nos rangs (…) », a déclaré l’archevêque d’Antananarivo, en introduction de sa prise de parole.

Le père Nicolas Ratodisoa fait partie des victimes d’une attaque à main armée survenue à Mahitsy, le samedi 9 février. Ayant succombé à ses blessures par balle quelques jours après les faits, le religieux, selon le récit de Ludovic Rabenatoandro, vicaire général du diocèse d’Antananarivo, a pu raconter ce qu’il a subi lundi, mardi et mercredi, soit les jours qui ont suivi l’attaque et avant que son état ne s’aggrave et que le prêtre a dû être transféré à la clinique des sœurs, à Ankadifotsy.

« Il s’agit d’un récit de la victime elle-même », affirme monseigneur Rabenatoandro. Ce dernier narre qu’il était « 18 heures 30 », lorsque le père Ratodisoa allait ren­trer à moto au centre Soanavela. Il venait de donner l’eucharistie à un malade à son domicile, lorsque sa route a été barrée par des bandits armés. Selon le vicaire général, les bandits lui ont tiré dessus une première fois, alors qu’il leur a répondu ne pas avoir d’argent.

« Il a raconté qu’il l’avaient piétiné lorsqu’il était tombé à terre et qu’il leur avait à nouveau tiré dessus », rapporte monseigneur Rabena­toandro. La balle de ce second tir serait entrée par le ventre du père Ratodisoa et ressorti par son dos, touchant au passage sa colonne vertébrale.
Le vicaire général parle de « meurtre délibéré ». Aussi, « de tout de ce qui a été dit », le diocèse d’Antananarivo portera plainte « contre les auteurs de ce crime », déclare monseigneur Razaankolona.

L’enquête est encore en cours pour déterminer qui sont les auteurs de l’attaque meurtrière de Mahitsy. Il est probable, qu’au stade actuel de l’affaire, la plainte du diocèse soit contre X.
Un élément de la gendarmerie nationale serait parmi les mis en cause dans cette affaire. Le retard et l’attitude de la brigade locale des bérets noirs durant l’attaque sont, également, pointés du doigt. Un compor­tement qui entraîné de vives remontrances et des sanctions de la part de sa hiérarchie.

Durant la rencontre avec la presse, hier, l’archevêque d’Antananarivo a sévèrement sermonné les Forces de défense et de sécurité (FDS), en rappelant une déclaration de la Conférence des évêques de Madagascar (CEM), du 13 mai 2017. « (…) beaucoup d’entre vous ont été vus et suspectés d’être des complices de bandits et de voleurs de bœuf, en leur louant des fusils et en leur vendant des balles, en terrorisant les paysans de la brousse, sans parler des rackets envers les chauffeurs des taxis brousse sur les routes de Madagascar (…) », fustigeait la CEM.

Reprenant toujours cette déclaration, monseigneur Razanakolona lance, « sachez écouter cet avertissement de Saint Jean Baptiste aux soldats (…) Ne molestez personne, n’extorquez rien, et contentez-vous de votre solde ». Rapportant les complaintes des citoyens, le père Adrien Rolland Rakotondramanana, de Justice et paix, déplore, également, les doléances sur le comportement des FDS. « Les gens sont tristes, ont peur, parce que ceux qui sont destinés à protéger arrivent en retard », déclare le prêtre.