Baromètre SADC 2024-2025 : Une vigilance nécessaire face au VIH, en Afrique australe
Le Baromètre SADC 2024-2025, présenté à Antananarivo lors de la Journée "Gender Day", confirme que l’Afrique australe reste l’épicentre mondial de l’épidémie de VIH. La récente résurgence du virus à Madagascar illustre la nécessité d’une vigilance accrue.
L’Afrique australe concentre encore les taux de prévalence du VIH les plus élevés au monde. Six pays de la région dépassent les 10 %, selon le 15e Baromètre Voix et Choix. Les jeunes femmes figurent parmi les plus exposées, avec des taux de contamination presque deux fois supérieurs à ceux des hommes dans huit pays. Face à ces chiffres, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) maintient son objectif d’éliminer le sida comme menace de santé publique d’ici 2030. Les pays doivent poursuivre leurs efforts de prévention et garantir l’accès aux traitements antirétroviraux.
Taux de prévalence du VIH élevés
La situation à Madagascar attire particulièrement l’attention. Le pays enregistre une recrudescence du VIH et du sida, alors que seules 22 % des personnes vivant avec le virus connaissent leur statut et suivent un traitement. Les risques d’épidémies localisées demeurent élevés et pourraient rapidement s’étendre à l’ensemble de la population. Les autorités et leurs partenaires insistent sur l’importance d’investir dans la prévention, notamment pour limiter la transmission de la mère à l’enfant, protéger les adolescentes et jeunes femmes, et assurer un meilleur accès aux populations vulnérables.
Si certains pays accusent encore du retard, d’autres enregistrent des avancées notables. Le Botswana et la Namibie sont en passe d’éliminer la transmission du virus de la mère à l’enfant. L’Eswatini, le Botswana, le Zimbabwe, la Zambie et le Malawi ont atteint les objectifs internationaux dits 95-95-95 : dépistage, accès au traitement et suppression virale. Cependant, l’accès au traitement pour les enfants reste insuffisant et les systèmes de santé sont soumis à une forte pression pour maintenir les services de dépistage, de prévention et de suivi. Dans ce contexte, le rôle des organisations communautaires s’avère essentiel pour accompagner les personnes vivant avec le VIH.
Objectif : génération sans sida
La publication du Baromètre intervient dans un contexte international marqué par des tensions autour des droits à la santé sexuelle et reproductive. Le gel de l’aide américaine sous l’administration Trump a fragilisé de nombreux programmes, réduisant l’accès à la contraception et au financement de la recherche. Dans la région SADC, ces difficultés s’ajoutent aux effets du changement climatique, à l’instabilité politique et aux violences persistantes. Mais des avancées existent, notamment avec l’adoption par l’Union africaine d’un instrument juridique contre la violence faite aux femmes et la stratégie régionale de la SADC sur la santé sexuelle et reproductive.
Le Baromètre souligne que les progrès dans la région restent inégaux et souvent lents. Les études de cas menées dans huit pays mettent en avant le rôle de la société civile, qui agit pour briser les tabous et plaider pour de meilleures politiques.
La recrudescence du VIH à Madagascar rappelle que l’épidémie n’est pas endiguée. Seule une action coordonnée, associant prévention, financement et engagement communautaire, permettra de progresser vers l’objectif d’une génération sans sida.