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International

Kenya: le président dénonce des cultes "terroristes" après la mort de 58 membres d'une secte

24/04/2023 15:57 © Afp

Le président kényan William Ruto a promis lundi des mesures contre les cultes "terroristes" qui "utilisent la religion", après la mort de 58 adeptes d'une secte dans l'est du pays qui suscite un débat sur les failles sécuritaires et législatives face à ces organisations.

Des opérations de recherche se poursuivaient lundi dans la forêt de Shakahola, située près de la ville côtière de Malindi, où des dizaines de corps ont été exhumés de fosses communes ces derniers jours.

Un total de 58 personnes sont "confirmées mortes", a affirmé lundi le chef de la police kényane, Japhet Koome, qui s'est rendu sur place. "Cela concerne les corps exhumés et ceux qui sont morts sur le chemin de l'hôpital", a-t-il détaillé.

Les victimes sont des adeptes de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church) dirigée par Paul Mackenzie Nthenge, selon des documents de justice consultés par l'AFP, un "pasteur" qui prône de jeûner pour "rencontrer Jésus". Ce dernier avait été initialement présenté par la police comme Makenzie Nthenge.

Accusé de mener ses fidèles à la mort, il s'est rendu à la police et est en détention depuis le 14 avril (BIEN 14).

"Ce que nous avons vu à (...) Shakahola, s'apparente à des terroristes (sic)", a déclaré William Ruto, lors d'une cérémonie de remise de diplômes des officiers pénitentiaires dans le centre du pays.

"Les terroristes utilisent la religion pour promouvoir leurs actes odieux. Des gens comme M. Mackenzie utilisent la religion pour faire exactement la même chose", a-t-il poursuivi.

Il a affirmé avoir "demandé aux agences responsables de se saisir de la question et d'aller à la racine et au fond des activités des religions et des personnes qui veulent utiliser la religion pour faire avancer une idéologie louche et inacceptable".

"Jeûne jusqu'à la mort"

Depuis plusieurs jours, des enquêteurs retournent la terre sur plus de 300 hectares de forêt où se regroupaient les fidèles de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle.

Aucun détail n'est disponible sur l'état des corps et la durée de leur présence dans ces fosses communes.

Selon la Croix Rouge kényane, "jusqu'à présent, 112 personnes ont été portées disparues" à son bureau de recherche sur place.

Certains adeptes sont encore présents dans la forêt. Vingt-neuf personnes ont été récupérées, selon Japhet Koome.

Hussein Khalid, membre de l'organisation Haki Africa qui avait alerté sur les agissements de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle, a appelé à envoyer plus de forces de sécurité pour "aller à l'intérieur (de la forêt) et secourir ces victimes en train de jeûner jusqu'à la mort".

Failles sécuritaires

Ces macabres découvertes suscitent de nombreuses interrogations sur l'attitude des autorités, qui connaissaient ce "pasteur" depuis plusieurs années.

"Comment un crime aussi odieux, organisé et exécuté sur une longue période a-t-il échappé aux radars de notre système de renseignement ? Comment ce +pasteur+ a-t-il rassemblé tant de gens, les a endoctrinés, soumis à un lavage de cerveau et affamés à mort au nom de la religion puis les a enterrés dans une forêt sans être détecté ?", interroge lundi dans un comuniqué le président du Sénat, Amason Jeffah Kingi.

Paul Mackenzie Nthenge avait été arrêté en 2017, accusé de "radicalisation" car il prônait à de nombreux enfants de ne pas aller à l'école, affirmant que l'éducation n'est pas reconnue dans la Bible.

Il avait à nouveau été arrêté en mars après que deux enfants étaient morts de faim sous la garde de leurs parents, qui les avaient ensuite enterrés. Il avait été libéré contre une caution de 100.000 shillings kényans (environ 670 euros).

Réglementation

Ce scandale ravive également le débat sur le contrôle des cultes au Kenya, pays majoritairement chrétien, où des "pasteurs", "Eglises" et autres mouvements religieux marginaux défraient la chronique.

De précédentes tentatives de réglementation ont suscité une vive opposition, au nom notamment de la séparation entre l'Église et l'État.

Ce massacre est une "claire violation du droit humain à la liberté de culte consacré dans la Constitution", a estimé dimanche sur Twitter le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, qui doit se rendre sur place mardi.

"Si l'État respecte la liberté religieuse, cet horrible malheur sur notre conscience doit conduire non seulement à la plus sévère des punitions pour le ou les auteurs de l'atrocité (...), mais aussi à une réglementation plus stricte (y compris l'auto-réglementation) de chaque église, mosquée, temple ou synagogue à l'avenir", a-t-il affirmé.

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