Israël frappe à Gaza et au Liban, promet que ses ennemis paieront "le prix fort"
Israël a attaqué vendredi avant l'aube à Gaza et au Liban, disant viser des cibles du Hamas, après le tir de plusieurs dizaines de roquettes contre Israël la veille à partir de ces deux territoires.
Des frappes étaient en cours vers 4h30 heure d'Israël (1h30 GMT) tant sur le sud du Liban qu'à Gaza, selon un communiqué militaire.
C'est le dernier épisode en date d'une brusque montée de tension au Proche-Orient depuis mercredi, après une accalmie toute relative du conflit israélo-palestinien observée depuis le début du ramadan, le 23 mars.
De violentes explosions ont été entendues dans la région de Tyr, dans le sud du Liban. Un habitant du camp de réfugiés palestiniens de Rachidiyé, proche de Tyr, Abou Ahmad, a indiqué à l'AFP que "deux obus au moins sont tombés près du camp". Un correspondant de l'AFP dans cette région a indiqué qu'un obus était tombé sur le toit d'une maison dans une plantation proche du camp, faisant des dégâts matériels.
A Gaza, les raids aériens israéliens avaient commencé avant minuit.
Jeudi, jour de la Pâque juive, une trentaine de roquettes ont été tirées du Liban vers Israël, blessant une personne et causant des dégâts matériels, dans une escalade sur le front israélo-libanais sans équivalent depuis 2006.
Ces tirs ont eu lieu au lendemain de l'irruption violente de la police israélienne dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam, afin d'en déloger des Palestiniens qui s'y étaient barricadés.
L'armée israélienne a dit avoir la certitude que les tirs de roquettes du Liban, non revendiqués, étaient "palestiniens", et probablement selon elle l'oeuvre du Hamas ou du Jihad islamique.
"Notre riposte [...] fera payer le prix fort" aux ennemis d'Israël, a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l'issue d'une réunion du cabinet de sécurité.
"La défense israélienne est prête à faire face à toute menace, sur n'importe quel front", a déclaré de son côté le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant.
"Explosion pour explosion"
Dans la bande de Gaza, l'armée a mené plusieurs raids aériens dans la nuit, visant des tunnels, une mitrailleuses lourde et des ateliers de fabrication d'armes appartenant au Hamas, mouvement islamiste au pouvoir sur ce micro-territoire depuis 2007, selon des communiqués militaires.
En riposte, plusieurs missiles ont été tirés à partir de la bande de Gaza, apparemment interceptés par la défense antiaérienne israélienne.
L'armée israélienne affirme qu'elle "n'autorisera pas l'organisation terroriste Hamas à opérer à partir du Liban et elle tient l'Etat libanais pour responsable de tout tir dirige [vers Israël] à partir de son territoire."
Aucune victime n'a été signalée immédiatement de part et d'autres à la suite des affrontements de la nuit.
Le Hamas a dit tenir Israël pour "responsable" de l'escalade et a appelé "toutes les factions palestiniennes à l'unité pour [l']affronter".
"A chaque explosion répondra une explosion [...] et toute attaque contre Al-Aqsa ou les fidèles [musulmans] trouvera un réponse", a renchéri le Jihad islamique.
L'accès de violence à la frontière nord d'Israël a suscité condamnations et appels à la retenue, comme les violences de la veille dans la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem-Est, annexée par Israël.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé à "la plus grande retenue". Paris a condamné des tirs "indiscriminés" sur Israël et appelé "au respect du statu quo historique sur les lieux saints à Jérusalem", alors que Washington a reconnu "le droit légitime d'Israël à se défendre contre toute forme d'agression".
Israël et le Liban restent techniquement en état de guerre après différents conflits, et la ligne de cessez-le-feu est contrôlée par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), déployée dans le sud du Liban pour veiller au maintien de la trêve.
Le ministère libanais des Affaires étrangères a assuré que le Liban voulait préserver "le calme et la stabilité" dans le Sud, appelant la communauté internationale à "faire pression sur Israël pour arrêter l'escalade".
Selon l'armée israélienne, "34 roquettes ont été tirées du territoire libanais", dont cinq sont tombées en Israël et 25 ont été interceptées par la défense antiaérienne.
"Souiller la mosquée"
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a déclaré refuser "toute escalade à partir de son territoire".
A Fassuta, dans le nord d'Israël, une voiture a été endommagée par une roquette.
A une vingtaine de kilomètres à l'ouest, à Shlomi, des bureaux ont été criblés d'impacts après l'explosion d'une roquette sur la chaussée. "C'était terrifiant" mais "c'est la réalité en Israël", a dit Noy Atias, 21 ans, disant avoir entendu pas moins de cinq explosions.
Plus tôt jeudi, le Hezbollah chiite, maître de fait du sud du Liban, avait proclamé son soutien à "toutes les mesures" que les groupes armés palestiniens pourraient prendre contre Israël en dénonçant "avec force l'assaut des forces d'occupation israéliennes" contre la mosquée Al-Aqsa.
En visite au Liban, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a déclaré que les Palestiniens ne resteraient "pas les bras croisés" face aux "agressions" d'Israël contre la mosquée Al-Aqsa.
"Si les sionistes pensent qu'ils peuvent souiller la mosquée Al-Aqsa, ils doivent comprendre (...) que cela pourra faire flamber la région tout entière", a prévenu Hachem Safieddine, un dirigeant du Hezbollah, cité par la chaîne du mouvement.