La Finlande vote, la Première ministre Sanna Marin en danger
La Première ministre Sanna Marin joue une difficile reconduction dimanche lors des élections législatives en Finlande, où la dirigeante de 37 ans pourrait être détrônée par la droite voire les nationalistes anti-immigration.
Une bataille à trois très serrée pour le poste de Premier ministre oppose la cheffe des sociaux-démocrates, le numéro un de la Coalition nationale Petteri Orpo, classé au centre-droit, et la dirigeante de l'extrême-droite du parti des Finlandais, Riikka Purra, qui vise une victoire inédite et un score record.
Le candidat du parti arrivé premier hérite traditionnellement du poste en Finlande, à condition de pouvoir réunir une majorité au Parlement.
Le trio est dans un mouchoir de poche pour ces élections qui coïncident avec l'entrée officielle du pays frontalier de la Russie dans l'Otan, attendue dans les prochains jours.
Dans le pays nordique de 5,5 millions d'habitants, les bureaux de vote ferment à 20H00 (17H00 GMT), heure des premiers résultats partiels fondés sur les 40% d'électeurs ayant voté en avance.
Populaire à l'étranger comme en Finlande, Sanna Marin s'est imposée comme une "Première ministre rock star" mais elle divise davantage dans son pays, où elle est critiquée sur les finances publiques et l'inflation.
"Tout le monde a une possibilité de gagner et, bien sûr, nous voulons gagner pour continuer notre travail pour un futur plus durable", a déclaré samedi Mme Marin en marge de son dernier meeting, promettant de "s'occuper des Finlandais ordinaires".
Selon le dernier sondage jeudi, la Coalition nationale a 19,8% des intentions de vote, devant le parti des Finlandais (19,5%) puis les sociaux-démocrates (18,7%).
"Nous avons fait une excellente campagne (...) et nous sommes premiers dans les sondages, donc je suis optimiste", a dit samedi Petteri Orpo, 53 ans, qui a fait campagne sur l'économie et le sérieux budgétaire.
Après la percée des nationalistes en Suède voisine et la victoire de l'extrême-droite en Italie l'an dernier, la Finlande va-t-elle devenir le dernier pays de la vague natio-populiste en Europe?
"Fixit"
Installé depuis plus de 20 ans dans la vie politique finlandaise, le parti des Finlandais n'est jamais arrivé en tête jusqu'ici.
"Ce qui semble clair c'est que nous allons faire un très bon résultat", a déclaré dimanche à l'AFP Mme Purra, sa dirigeante depuis deux ans, après avoir mis son bulletin dans l'urne et avant un passage au sauna, institution finlandaise.
Pour Juho Rahkonen, politologue à l'institut E2 Research, le parti anti-immigration et avocat d'une sortie à long terme de l'UE, un "Fixit", a su capitaliser plus que les autres sur la vague inflationniste actuelle.
Très offensif sur les réseaux sociaux, il arrive aussi en tête des intentions de vote des jeunes. Les hommes sont surreprésentés dans l'électorat de droite, tandis que les femmes votent davantage à gauche et pour Mme Marin.
"En tant que jeune femme, c'est important d'avoir quelqu'un dont je me sens proche", dit à l'AFP, une étudiante de 26 ans qui a fait sa campagne.
Sanna Marin, plus jeune cheffe du gouvernement au monde lors de son arrivée au pouvoir fin 2019, a été saluée pour sa bonne gestion de la pandémie de Covid-19, du processus d'adhésion à l'Otan, et ses prises de position contre la Russie voisine, qui ont fait d'elle une figure à l'étranger.
"Elle nous a rendu fiers, avant les gens se moquaient de nous, on était un parti de la vieille école", confie Mo Shimer, un militant du SDP de 26 ans.
Mais beaucoup ne la portent pas dans leur coeur, soulignent les analystes.
"Bien qu'exceptionnellement populaire, elle suscite aussi de l'opposition et le clivage politique s'est creusé", note Juho Rahkonen.
L'économie est l'angle d'attaque principal de l'opposition, qui dénonce notamment la hausse de la dette publique.
"J'ai senti que je devais venir voter parce que le temps de la +rock star+ Marin est compté, elle n'a rien fait de bon", affirme Antti Piispanen, un commercial de 30 ans.
"Je pense que le parti nationaliste d'extrême-droite va probablement gagner (...) malheureusement, donc je fais mon devoir pour les arrêter", confie Markus Hällsten, un électeur de 31 ans.
La coalition gouvernementale de cinq partis de la Première ministre bat de l'aile depuis plusieurs mois. Son allié du Centre a déjà prévenu qu'il refuserait de reconduire cette coalition.
La formation d'un gouvernement prend traditionnellement plusieurs semaines voire des mois. Mme Marin devrait donc a minima assurer l'intérim la semaine prochaine lorsque la Finlande va officiellement adhérer à l'Otan.