La Turquie approuve l'adhésion de la Finlande à l'Otan
La Turquie a approuvé jeudi, au bout de dix mois de suspense, l'adhésion de la Finlande à l'Otan, dernier pays de l'Alliance à donner son feu vert après celui de la Hongrie.
Au terme d'un bref débat, lors duquel ils ont reconnu les "légitimes préoccupations sécuritaires de la Finlande", les députés turcs ont voté à l'unanimité des 276 députés présents l'entrée de ce petit pays nordique dans l'Alliance atlantique, tandis que la Suède reste toujours à la porte.
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a salué cette ratification, estimant qu'elle rendrait "la famille de l'Otan plus forte et plus sûre".
Le président finlandais Sauli Niinistö quant à lui a "remercié tous (les Etats membres) pour leur confiance et leur soutien", en souhaitant l'entrée "le plus vite possible" de la Suède.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé la levée de son véto le 17 mars en recevant à Ankara M. Niinistö, décision aussitôt saluée par l'Alliance atlantique.
La commission parlementaire turque des Affaires étrangères avait approuvé cette adhésion la semaine dernière.
La Finlande n'a plus désormais qu'à envoyer ses "instruments de ratification" à Washington, où le traité de l'Alliance est conservé.
Le parlement hongrois a lui aussi approuvé, lundi, l'adhésion de la Finlande mais bloque également celle de la Suède.
Les demandes d'adhésion des deux pays nordiques avaient pourtant été soumises de concert l'an dernier après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et nécessitaient l'unanimité des pays membres de l'Otan pour être approuvées.
Le président finlandais avait exprimé son "espoir" d'une ratification avant les élections présidentielle et législatives turques prévues le 14 mai, le Parlement devant interrompre ses travaux environ un mois avant la tenue du double scrutin.
La Finlande, soumise à une neutralité forcée par Moscou après sa guerre avec l'Union soviétique lors du deuxième conflit mondial, partage la plus longue frontière européenne (1.340 km) avec la Russie, derrière l'Ukraine.
"La chose la plus importante est que la Finlande et la Suède deviennent rapidement membres à part entière de l'Otan, et non pas qu'elles adhèrent exactement en même temps", avait estimé M. Stoltenberg.
M. Erdogan bloque toujours l'élargissement de l'Otan à la Suède en lui reprochant sa passivité face à la présence de "terroristes" kurdes accueillis sur son sol et réclame des extraditions sur lesquelles le gouvernement n'a pas le dernier mot.
Un député du parti pro-kurde HDP, troisième force politique du pays, Hisyar Ozsoy, a d'ailleurs dénoncé lors du débat avant le vote "l'horrible chantage" du gouvernement turc sur les deux pays candidats.
-Menaces du Kremlin-
Le Kremlin, qui a d'abord semblé minimiser l'importance de la candidature de la Finlande et de la Suède, a durci le ton ces dernières semaines, estimant mardi que les deux pays deviendraient, une fois admis, dans l'Otan, des "cibles légitimes" de "représailles de Moscou", y compris "militaires".
La Suède avait, dans la foulée mercredi, annoncé la convocation de l'ambassadeur russe à Stockholm.
Le président russe Vladimir Poutine a par ailleurs affirmé la semaine dernière que Moscou allait déployer des armes nucléaires "tactiques" sur le territoire de son allié, le Belarus, situé aux portes de l'Union européenne.
La situation reste délicate pour la Suède qui reste confrontée aux objections d'Ankara.
"Il n'y a eu aucune mesure positive prise par la Suède en ce qui concerne la liste des terroristes", a déploré M. Erdogan, évoquant plus de 120 demandes d'extraditions formulées par Ankara.
L'autodafé d'un exemplaire du Coran par un extrémiste dans la capitale suédoise, en janvier, avait conduit à la suspension des pourparlers entre Ankara, Helsinki et Stockholm.
Le président turc avait alors laissé entendre que la Turquie était prête à approuver séparément l'adhésion de la Finlande, alors que les deux pays souhaitaient à l'origine avancer "main dans la main".
Stockholm espère toutefois boucler l'entrée de son pays dans l'Alliance avant le prochain sommet de l'Otan prévu en juillet à Vilnius, en Lituanie.