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Foulard vert et poing levé: la folle nuit des militantes argentines pour l'avortement

30/12/2020 21:06 © Moov

Foulard vert et poing levé: la folle nuit des militantes argentines pour l'avortement

Poing levé et foulard vert en bandoulière, des milliers d'Argentines ont passé la nuit devant le Parlement à Buenos Aires, retenant leur souffle avant de laisser éclater leur joie mercredi à l'annonce d'un vote historique en faveur de la légalisation de l'avortement.

"C'est un tel stress, que je le sens dans mon ventre. Vous vous rendez compte que si le texte est approuvé, moi, en tant que personne, en tant que femme, j'aurai le droit de décider de ma vie et de mon corps", s'enflamme Cinthya Velas, une institutrice de 29 ans. 

Présente avec sa soeur Claudia et son amie Flor, une transgenre de 35 ans, les trois Argentines se tiennent fort par la main, devant un écran géant où sont retransmis les débats des sénateurs.

Pendant plus de douze heures, les parlementaires argentins ont ferraillé, présentant leurs arguments en faveur ou contre la légalisation de l'avortement jusqu'à la 14e semaine de grossesse dans ce pays de 44 millions d'habitants qui n'autorisait jusque-là l'IVG qu'en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère.

Le suspense est monté encore d'un cran lorsque des membres de la majorité du président de centre gauche Alberto Fernandez, qui a présenté le projet de loi, ont annoncé qu'ils voteraient contre le texte, tandis que des sénateurs catholiques ont affirmé soutenir le projet, malgré leur croyance religieuse.

Jusqu'à la dernière minute, les parlementaires ont bataillé, les uns soulignant le caractère "historique" et "inévitable" de la loi, les autres attaquant un texte "anti-constitutionnel" ou "non viable".

Avec encore en tête le traumatisme de 2018, lorsque les sénateurs avaient rejeté par sept voix un texte similaire, les militantes défendant le droit à l'IVG n'ont pas hésité à braver la pandémie et la chaleur de l'été austral pour se réunir aux abords du Parlement, en plein centre de Buenos Aires. 

"Ce n'est pas un sacrifice de passer la nuit ici dans les rues, pour être là, pour faire pression (...) dans cette lutte historique. C'est un privilège, une fête !", résume Angela Güemes, une sociologue de 30 ans. 

Sur son bras gauche, elle s'est fait tatouer à l'encre verte, couleur de ralliement des pro-IVG, "Que sea ley !" (Une loi, vite !), le mot d'ordre des militantes féministes pour la mobilisation en faveur de la légalisation.

Peu après 04H00 du matin, les tambours et les danses cessent soudainement lorsque résonne la voix de la présidente du Sénat Cristina Kirchner. L'ancienne cheffe de l'Etat annonce l'adoption de la loi, avec 38 votes pour, 29 contre et une abstention, une marge plus importante que prévu. 

Une immense clameur de joie parcourt alors la marée verte des pro-IVG. "C'est la loi ! C'est la loi !", crient à l'unisson des milliers de femmes euphoriques, entre sanglots et étreintes. Des milliers de foulards verts sont alors agités frénétiquement pour saluer la nouvelle loi qui fait de l'Argentine le plus grand pays d'Amérique latine à légaliser l'avortement.

# "Lettre morte"

De l'autre côté du Parlement, les anti-IVG, reconnaissables à leurs foulards et bannières bleu ciel, accusent le coup. 

Au plus fort du débat parlementaire, les opposants à la légalisation, menés par l'Église catholique et l'Alliance chrétienne des Églises évangéliques, se sont à plusieurs reprises agenouillés en prière. 

"Ce projet n'apporte pas de nouvelles libertés. Il n'apporte pas non plus de nouveaux droits. Ce qu'apporte cette loi, malheureusement, c'est la négation de l'accès à la vie", déplore l'organisation Frente Joven. 

Heureuses de leur victoire, les militantes féministes se montrent toutefois prudentes. Elles craignent que la nouvelle loi, qui prévoit l'objection de conscience pour les médecins, finisse par rester "lettre morte" en raison de l'absence de mécanismes et d'institutions pour la faire appliquer. 

"La bataille n'est pas terminée (...) Le gouvernement doit maintenant garantir les cliniques et le personnel spécialisé", réclame Cecilia Pastor, une avocate de 35 ans, le visage couvert de paillettes vertes.

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