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Allemagne: prison à perpétuité pour l'auteur d'un massacre antisémite évité de justesse

21/12/2020 21:06 © Moov

Allemagne: prison à perpétuité pour l'auteur d'un massacre antisémite évité de justesse

L'extrémiste de droite auteur de ce qui avait failli devenir le pire attentat antisémite de l'après-guerre en Allemagne l'an dernier a été sans surprise condamné lundi à la prison à perpétuité par un tribunal allemand, une décision saluée par plusieurs organisations juives.

Stephan Balliet, un Allemand de 28 ans, qui a lors des presque six mois d'audience à plusieurs reprises clamé son antisémitisme, a été reconnu coupable de deux meurtres et plusieurs dizaines de tentatives de meurtres lors de son attaque d'une synagogue de Halle (Saxe-Anhalt) en pleine fête religieuse de Yom Kippour, le 9 octobre 2019.

Le président du Conseil central des juifs d'Allemagne, Josef Schuster, a estimé dans un communiqué que ce verdict était "un jour important pour l'Allemagne", indiquant "clairement que la haine meurtrière contre les Juifs connaît une tolérance zéro". Le Congrès juif mondial (WJC) a lui clamé sa "satisfaction" face au verdict.

Parlant d'un "acte odieux, lâche et inhumain", la présidente du tribunal de Magdebourg, Ursula Mertens, a expliqué que l'accusé partageait "des motivations antisémites, racistes et misogynes".

A l'énoncé du verdict, correspondant aux réquisitions du parquet, l'homme au crâne rasé habillé en noir et portant une écharpe et un masque, est resté stoïque avec un regard vide.

Sa réclusion à perpétuité a été assortie d'une détention de sûreté minimale de 15 ans à l'issue de laquelle il lui sera toutefois très difficile d'obtenir une libération.

Armé jusqu'aux dents et vêtu d'un treillis militaire, cet autoradicalisé sur internet, asocial, avait en octobre 2019, donné l'assaut contre la synagogue de Halle, où se trouvaient 52 fidèles. Faute de parvenir à entrer en raison de la résistance de la porte, il s'en était pris à des passants, tuant une femme dans la rue puis un jeune homme dans un restaurant à kébabs, ciblé pour sa clientèle qu'il pensait étrangère. La victime, Kevin S., était pourtant un Allemand de 20 ans.

"Sans cette fameuse porte blindée, il aurait commis un massacre", a affirmé Mme Mertens.

# "Tolérance zéro"

L'accusé s'était inspiré de Brenton Tarrant, l'auteur des attentats racistes sanglants (51 morts) commis quelques mois auparavant contre deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui avait diffusé en direct ses crimes, ce qu'il a aussi fait.

Tout au long de son procès, M. Balliet n'a jamais exprimé le moindre remords et, à plusieurs reprises, a dû être rappelé à l'ordre par la présidente du tribunal pour ses propos conspirationnistes, racistes, misogynes et négationnistes.

Il a même revendiqué ses actes. Le fait d'attaquer la synagogue "n'était pas une erreur" car "ce sont mes ennemis", avait-il lancé. 

"On est soulagé que cela s'arrête aujourd'hui, c'était suffisamment long et éprouvant", a expliqué à l'AFP Mark Lupschitz, avocat de neuf parties civiles, remerciant le tribunal de n'avoir pas fait du procès une vitrine pour l'extrémiste de droite.

"L'attentat de Halle nous a montré combien il est important de poursuivre la lutte contre l'antisémitisme, la xénophobie et les anti-démocrates avec encore plus de détermination", a affirmé la porte-parole du gouvernement, Ulrike Demmer.

Les crimes et délits visant la communauté juive en Allemagne ont progressé de 13% en 2019, avec 2.032 actes répertoriés. L'attaque de Halle est aussi intervenue dans un contexte de recrudescence du terrorisme d'extrême droite, avec notamment l'assassinat l'an dernier d'un responsable politique pro-migrants et un attentat à Hanau ayant tué neuf personnes d'origine étrangère. 

# Asocial

Après son double meurtre, M. Balliet avait été arrêté à la suite d'une course-poursuite avec la police, au cours de laquelle il avait blessé plusieurs autres personnes.

Mme Mertens a rappelé qu'il souffrait certes d'un "trouble complexe de la personnalité" mêlant "schizophrénie, paranoïa et caractéristiques autistiques" mais qu'il était toutefois pleinement responsable de ses actes: "tuer n'est pas autorisé en Allemagne, vous devez au moins le savoir vu que vous avez eu votre baccalauréat", a-t-elle ironisé. 

La vie de Stephan Balliet s'apparente à une succession d'échecs: il n'avait pas d'amis, n'avait jamais eu de relation amoureuse ou occupé d'emploi. 

Il s'est lui-même à plusieurs reprises dénigré, se qualifiant de "bon à rien" pour avoir échoué dans sa tentative de massacre.

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