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Organisation criminelle ou pas: verdict attendu pour le parti néonazi grec, Aube dorée

07/10/2020 09:06 © Moov

Organisation criminelle ou pas: verdict attendu pour le parti néonazi grec, Aube dorée

"Le peuple veut les nazis en prison": des milliers de manifestants se sont massés mercredi matin devant la cour pénale d'Athènes dans l'attente du verdict dans le procès fleuve du parti néonazi Aube dorée, accusé d'être une "organisation criminelle", qui mettra un terme à cinq ans et demi d'audiences.

A l'appel du mouvement antifasciste, de syndicats et de partis de gauche, la foule a commencé à se rassembler plus de deux heures avant le verdict, attendu à 08H00 GMT, qui décidera du sort du parti d'Aube dorée et d'une soixantaine de ses dirigeants et de ses militants.

Le verdict ou plutôt les verdicts seront prononcés par Maria Lepenioti, qui a présidé plus de 400 audiences et vu défiler 150 témoins et une cinquantaine d'avocats.

A l'extérieur du palais de justice, les forces de police étaient déployées en nombre, les bus de la police anti-émeute encerclant complètement le bâtiment, a constaté une journaliste de l'AFP.

De nombreux panneaux brandis par les manifestants proclamaient "le peuple veut les nazis en prison". "Il faut condamner cette organisation criminelle, il faut que le monde entier comprenne ce qu'est le national socialisme. Aujourd'hui la Grèce envoie un message au monde entier: stop à cette idéologie meurtrière!", a déclaré à l'AFP l'un des protestataires Panagiotis Kapelanos.

"Ce jour est historique, depuis Nuremberg un procès de cette ampleur contre un parti nazi n'avait pas eu lieu", a renchéri Katerina Telmetidou, étudiante en sociologie. "Il faut que la justice prenne une décision forte, qu’ils soient condamnés en tant qu’organisation criminelle."

Refermant plus de cinq années de procès, la cour doit se prononcer sur trois affaires.

En premier lieu, le meurtre du rappeur et militant de gauche Pavlos Fyssas, assassiné à l'arme blanche dans la nuit du 18 septembre 2013, à l'âge de 34 ans, devant un café de son quartier de Keratsini, une banlieue de l'ouest d'Athènes.

Son assassin qui a avoué le meurtre, Yorgos Roupakias, membre d'Aube dorée, risque la prison à vie.

Les deux autres affaires concernent deux "tentatives d'homicide" impliquant elles aussi des membres d'Aube dorée: l'une à l'encontre de pêcheurs égyptiens le 12 juin 2012, l'autre visant des membres du syndicat communiste PAME le 12 septembre 2013.

C'est le choc provoqué par le meurtre de Pavlos Fyssas, dans une Grèce alors en pleine crise financière, qui a poussé les autorités à arrêter et à traduire en justice dirigeants et membres de cette formation, responsable de nombreuses violences contre migrants et militants de gauche.

# Jusqu'à quinze ans de prison

Soixante-huit personnes sont jugées dont une vingtaine sont d'anciens députés et cadres du parti, y compris son fondateur et chef Nikos Michaloliakos. Ceux-ci accusés de "direction d'une organisation criminelle" encourent des peines allant de cinq à quinze ans de prison.

Quarante-cinq personnes sont accusées pour "appartenance" à une telle organisation et risquent cinq à dix ans de prison, tandis que trois autres sont poursuivis pour d'autres chefs relatifs aux affaires jugées.

Le principal enjeu du verdict "est de savoir si la cour va condamner la direction et les membres du parti pour le crime de +constitution et/ou appartenance à une organisation criminelle+", explique à l'AFP Me Kostas Papadakis, avocat des pêcheurs égyptiens.

Car en décembre 2019 la procureure Adamantia Economou a requis leur acquittement en estimant que l'existence d'une "organisation criminelle" n'avait pas été prouvée.

Un réquisitoire qui a suscité de vives critiques de juristes et d'une grande partie de la société grecque.

# Procès "historique"

Petite formation depuis les années 90, Aube dorée a été créée par Nikos Michaloliakos, 62 ans, négationniste et admirateur du national-socialisme.

La débâcle socio-politique après la crise financière de 2010 a profité à Aube dorée, dont des représentants entrent pour la première fois en 2012 au Parlement grec. 

A l'époque, des groupes d'hommes en noir sillonnaient les rues d'Athènes, tabassant leurs opposants à coups de pied ou de barres de fer et scandant "Sang, honneur, Aube dorée".

Représentés la plupart du temps par leurs avocats, les accusés ont nié les chefs d'inculpation.

Qualifié d'"historique" par le monde politique et la partie civile, ce procès a entraîné progressivement le déclin de la formation dont la direction renie actuellement l'idéologie nazie. Aux dernières législatives de juillet 2019, Aube dorée n'a obtenu aucun député.

"L'impact du verdict de ce procès emblématique" dépassera "largement les frontières de la Grèce", estime aussi Niels Muiznieks, directeur en Europe d'Amnesty International. 

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