Coronavirus: les Etats-Unis tournent eux aussi désormais au ralenti
Coronavirus: les Etats-Unis tournent eux aussi désormais au ralenti
Ecoles qui ferment, salariés en télétravail, transports en commun désertés, saisons sportives et culturelles suspendues, campagne présidentielle perturbée: épargnés au début de l'épidémie, les Etats-Unis, première puissance mondiale, vivent désormais eux aussi au ralenti.
En quelques jours, la plupart des secteurs ont été contraints de mettre un coup de frein brutal à leurs activités, même si le nombre de cas confirmés de coronavirus reste faible (environ 1.700 cas vendredi, dont 40 morts), en raison notamment d'un gros retard pris dans la capacité à tester la population.
Les autorités s'attendent à ce que le nombre de cas explose dès que les tests seront largement disponibles: des projections transmises au Sénat parlent de 70 à 150 millions d'Américains qui pourraient être infectés, sur un pays de près de 330 millions d'habitants.
"Nous devrions voir une accélération des tests d'ici une semaine, et plus encore dans 2-3 semaines", a déclaré vendredi le docteur Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des maladies infectieuses. "Les choses vont empirer avant de s'améliorer".
La ville de New York, capitale financière et culturelle du pays, illustre bien la façon dont l'épidémie s'est brutalement emparée de la première puissance économique mondiale.
Les rassemblements de plus de 500 personnes sont interdits depuis jeudi, éteignant les théâtres de Broadway et l'intense vie culturelle de cette métropole de 8,5 millions d'habitants, une des principales destinations touristiques mondiales.
"Je sais que ce n'est pas commode, les gens sont inquiets", a déclaré vendredi le gouverneur de l'Etat Andrew Cuomo, à l'origine de l'interdiction de rassemblements. "Mais mieux vaut être incommodés et essayer de réduire le taux de propagation (...) Nous allons en avoir pour un moment, mais je suis sûr que nous en sortirons plus forts".
Times Square, aimant touristique de Manhattan, semblait anormalement calme vendredi à la mi-journée.
"Quand on est arrivé hier soir, on ne savait pas que tout serait fermé. On est déçu, on essaie de déterminer ce qu'on peut voir ou non", a indiqué à l'AFP Sue Taylor-King, une Londonienne venue avec une amie pour cinq jours.
La mairie a démenti les rumeurs de fermeture du métro, mais les rames se sont vidées, même aux heures de pointe. Jeudi déjà, avant l'interdiction de rassemblements, deux grandes compagnies de trains de banlieue enregistraient des chutes de trafic allant de 31% à 48%, par rapport à un jour comparable de l'an dernier, selon une porte-parole des transports locaux.
# Etat d'urgence
Une trentaine d'Etats américains, sur 50, ont déjà déclaré l'état d'urgence face à l'épidémie. Les médias américains s'attendaient vendredi à ce que le président Donald Trump, qui devait intervenir à 15h00 locales (19H00 GMT), annonce l'état d'urgence au niveau fédéral.
Dans l'Etat le plus peuplé, la Californie, le gouverneur Gavin Newsom a interdit les rassemblements de plus de 250 personnes.
Le parc de Disneyland, à Los Angeles, a été fermé, la sortie de plusieurs films à gros budgets déprogrammée, le festival de musique de Coachella reporté à octobre. Les écoles publiques de Los Angeles et San Diego # soit quelque 750.000 élèves # ont annoncé leur fermeture, sans fixer de date de réouverture.
Plusieurs Etats dont la Pennsylvanie, l'Ohio et le Maryland, tout comme la capitale Washington, ont aussi annoncé la fermeture des écoles publiques pour plusieurs semaines.
D'autres dont New York, qui rechignent à imposer une fermeture générale qui pourrait empêcher des millions de parents de travailler, pourraient encore leur emboîter le pas.
Les grandes universités américaines ont cessé les cours physiques pour passer à l'enseignement en ligne, un casse-tête pour des centaines de milliers d'étudiants étrangers dont les visas interdisent en principe les cours en ligne.
L'industrie du sport, qui génère des dizaines de milliards de dollars par an, est également durement frappée. Après la suspension ou le report des saisons des grandes ligues que sont la NBA (basket), NHL (hockey), MLB (baseball) et MLS (football), le marathon de Boston, prévu en avril, a été reporté à septembre.
Même la campagne pour la présidentielle 2020 est aussi ébranlée.
Les meetings électoraux des deux candidats démocrates encore en lice pour défier Donald Trump en novembre, Joe Biden et Bernie Sanders, ont été suspendus, et le premier débat en face-à-face qui doit les opposer dimanche se déroulera sans spectateurs.
Et la Louisiane a été le premier Etat à annoncer vendredi qu'il reportait à juin ses primaires en vue de la présidentielle, prévues début avril.