Venezuela: Guaido prête serment comme président du Parlement depuis le perchoir
Venezuela: Guaido prête serment comme président du Parlement depuis le perchoir
Le chef de file de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido a prêté serment mardi comme président du Parlement depuis le perchoir, fort de sa réélection par l'opposition dimanche, après avoir été empêché dans un premier temps d'entrer dans le bâtiment par les forces de l'ordre.
Face à la haie de gardes casqués qui lui barraient le passage aux grilles du Parlement, Juan Guaido a lancé: "c'est pas une caserne, ici!", sous les vivats des ses partisans accourus en nombre. Et pendant qu'il se frayait un chemin à l'intérieur de l'enceinte en forçant le passage, dans l'hémicycle, un élu rival d'opposition, Luis Parra, présidait la séance hebdomadaire.
Lorsque Juan Guaido et les députés d'opposition ont finalement investi la tribune, Luis Parra, qui revendique aussi le fauteuil de président de l'Assemblée, avait quitté les lieux, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Nous sommes bien là !", s'est exclamé Juan Guaido après avoir atteint le perchoir avec des députés d'opposition.
Il a ensuite prêté serment comme président de l'Assemblée nationale, poste qu'il occupe depuis un an et auquel les députés de l'opposition l'ont reconduit dimanche.
"Au nom du Venezuela, je jure de remplir les devoirs de président par intérim", a-t-il dit. C'est en vertu de sa fonction de chef du Parlement que Juan Gaudio s'était déclaré président par intérim du pays sud-américain le 23 janvier 2019.
Il estime en effet que Nicolas Maduro "usurpe" la fonction présidentielle depuis l'élection "frauduleuse" de 2018 qui lui a permis de se maintenir au pouvoir. Il tente de l'évincer depuis un an, avec le soutien de l'administration Trump. Sans succès, jusqu'à maintenant.
Le département d'Etat américain a affirmé qu'en cas d'arrestation de Juan Guaido, Washington prendrait des mesures "qui vont bien plus loin" que celles prises jusqu'ici contre le pouvoir chaviste, dont une kyrielle de sanctions économiques.
Alors que Juan Guaido montait à la tribune mardi, une coupure de courant est intervenue et les députés ont sorti leurs téléphones portables pour avoir un brin de lumière.
Les coupures d'électricité# les "apagones"# sont fréquentes au Venezuela. Dans l'enceinte du Parlement unicaméral, où l'opposition détient la majorité, elles surviennent opportunément lors des séances.
-Journalistes agressés-
A l'issue de la séance d'environ une heure, Juan Guaido a quitté le Parlement, accompagné de députés de l'opposition. Une fois dans la rue, une grenade lacrymogène a été lancée dans sa direction, sans faire de blessés, selon un photographe de l'AFP.
Des journalistes et le Syndicat national des travailleurs de la presse ont aussi affirmé que la presse avait été agressée par des "colectivos", des groupuscules fidèles au pouvoir chaviste que l'opposition qualifie de "paramilitaires" violents.
Le quotidien espagnol El Pais a rapporté que son correspondant avait été "frappé".
La journée de dimanche avait déjà été marquée par un face-à-face vigoureux entre Juan Guaido et les forces de l'ordre.
Des policiers et des soldats avaient déjà empêché Juan Guaido de rallier le Parlement où il comptait être réélu à la présidence de l'hémicycle. Il avait alors tenté, en vain, d'escalader les grilles du bâtiment.
Pendant ce temps, dans l'hémicycle, Luis Parra se proclamait nouveau président de l'Assemblée nationale à la faveur d'un vote à main levée et avec le soutien des élus loyaux au président Nicolas Maduro, bien qu'il affirme être dans l'opposition. Il a revendiqué 81 votes sur 150 députés présents.
Le soutien de Nicolas Maduro a fait dire à Juan Guaido que son rival était "complice de la dictature".
L'opposition a évoqué un "coup d'Etat parlementaire" et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a fait part de sa "préoccupation".
A l'issue de cette séance mouvementée, Juan Guaido a organisé une séance parallèle au siège d'un journal d'opposition où il a été réélu à la présidence du Parlement par 100 députés. Ses alliés américains, mais aussi brésiliens et colombiens l'ont félicité pour sa réélection.
Dans la foulée, il a convoqué ses pairs pour la séance de mardi # tout comme Luis Parra qui entendait bien, lui aussi, présider cette séance.
Juan Guaido est reconnu comme président par intérim du Venezuela par près de soixante pays, dont les Etats-Unis.
Il rend l'héritier politique d'Hugo Chavez (1999-2013) responsable de la pire crise au Venezuela, pays qui dispose des plus grandes réserves de pétrole au monde.
Mais en un an, Juan Guaido n'est pas parvenu à évincer le président socialiste qui continue à jouir du soutien de l'armée et de ses alliés cubains, chinois et russes.