Industrie extractive - Un redressement difficile des mines
Suspendu de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (EITI), Madagascar, à travers les autorités compétentes, tente de redorer le blason du secteur minier. Un atelier national, rassemblant tous les professionnels du secteur, se tient présentement à Ivato au Mining Business Center, en vue d’élaborer des stratégies de normalisation de cette activité. Des petites aux grandes industries extractives en passant par les exploitations individuelles, toutes ont répondu présent à l’appel du ministère des Mines, et des Ressources Stratégiques qui a pour objectif de rassembler toutes les doléances de ces professionnels.
Une manière de mettre en lumière l’ensemble des facteurs de blocage de ce secteur, e t ce, à tous les niveaux. Pour le cas des permis miniers, plus de deux mille sont en cours de validation tandis que cinq mille demandes restent en suspens depuis la décision ministérielle y afférente. Autant dire que malgré les processus de normalisation de cette activité qui s’annoncent difficiles sur tout le territoire national, l’intérêt des exploitants reste inchangé. « Ce type de ressource est non renouvelable. Cette particularité nous oblige à établir un système de gestion permettant une rentabilité optimum du secteur. Traçabilité, redevabilité et transparence doivent être des impératifs et pourtant rien que sur les deux mille permis en cours de validation, un grand nombre de titulaires n’ont jamais frôlé une seule fois leur périmètre d’exploitation qui se trouve à des centaines de kilomètres dans la brousse. Préférant jouer sur la spéculation, ces propriétaires de permis contribuent à la décadence de ce secteur et les difficultés d e redressement que nous envisageons. », avoue Fidiniavo Ravokatra, ministre des Mines et des Ressources Stratégique.
L’Atelier national du secteur devrait, selon les espérances des opérateurs et des autorités, « permettre de trouver des solutions pérennes pour normaliser toutes les procédures et pratiques dans le domaine extractif ». Parmi les solutions suggérées par les exploitants : la réouverture des demandes d’exploitations, la mise en place d’un observatoire des mines, la normalisation des redevances qui diffèrent à tous les niveaux ainsi que le renforcement des luttes anti-corruption sur toute la chaîne de valeur. « Sur une décennie, rares sont les redevances traçables qui impactent directement sur les localités où les exploitations se situent. Par exemple, certains opérateurs utilisent des permis et laissez-passer valides pour Maevatanàna alors qu’ils exploitent à Betsiaka. Une pratique courante mais illégale qui fait que les localités comme Betsiaka, et elles sont nombreuses, ne jouissent point des redevances qui leur reviennent de droit », déplore un professionnel présent à l’atelier. Pour ces exploitants, constitués en grande partie de propriétaire de permis réservé aux petits exploitants (PRE), il s’agit de renforcer le contrôle sur l’extraction et les transactions jusqu’à l’exportation.
Le secteur mine est productif selon le ministre des Mines et des Ressources stratégiques. Si les grandes mines sont soumises à des règles de transparence et de redevabilité, les petites mines sont dans leur ensemble, anarchiques. Une situation de ces petites exploitations que le ministère ambitionne d’assainir par le renforcement des contrôles à postériori des octrois de permis ainsi que l’établissement de cahier de charge plus strict à l’endroit des propriétaires qui seront, dorénavant, soumis à des obligations de transparence pour éviter toutes formes de spéculation.