Pas assez actifs, trop sédentaires: les Français encore loin de la forme olympique
Les Français ne font toujours pas assez d'activité physique, un phénomène plus marqué chez les femmes, les plus âgés et les moins diplômés, selon une étude publiée mardi qui rappelle les dangers de la sédentarité.
Ce sont deux faces d'une même médaille: le manque d'activité physique et la sédentarité sont deux facteurs de risque, distincts, de nombreuses maladies (cardiovasculaires, métaboliques, certains cancers...). Et il faut une certaine dose d’activité physique, en durée et en intensité, pour compenser les effets délétères d’une sédentarité élevée.
Or moins des trois quarts des hommes (72,9%) et un peu plus de la moitié des femmes (59,3%) de 18 à 85 ans atteignaient en 2021, en métropole, les recommandations d'activité de l'Organisation mondiale de la santé, indique l'étude diffusée par Santé publique France, nourrie d'une enquête périodique sur les connaissances, les attitudes et les habitudes de santé.
Chaque semaine au moins 150 à 300 minutes d’activité physique d'intensité modérée, ou au moins 75 à 150 minutes d’activité physique d'intensité soutenue, ou une combinaison équivalente d’activité physique modérée ou soutenue, sont recommandés.
Il est aussi préconisé du renforcement musculaire au moins deux fois par semaine. Un deuxième objectif atteint par moins d'un tiers des hommes dans l'Hexagone (31,1%) et moins d'un quart des femmes (20,2%), selon l'étude.
Côté sédentarité, plus d’un adulte sur cinq de l'Hexagone a déclaré passer plus de sept heures par jour assis et près de quatre sur dix (39%) plus de trois heures quotidiennes devant un écran pour ses seuls loisirs, notent les chercheurs.
Seul bon point: plus de neuf adultes sur dix ont dit se lever au moins toutes les deux heures en cas de position assise prolongée.
"Inverser la tendance"
Globalement, 8,6% des hommes et 9,9% des femmes cumulaient une activité physique insuffisante et une sédentarité élevée. "Il est donc impératif d’inverser la tendance", exhortent les auteurs de l'étude.
La photographie globale masque des disparités socio-démographiques.
Chez les hommes comme chez les femmes, l'âge pèse ainsi sur les niveaux d'activité physique et de sédentarité. Un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat est aussi associé, pour les uns et les autres, à une moindre atteinte des recommandations.
Pour les hommes, la situation professionnelle joue, avec par exemple moins d'activité physique en cas de chômage; pour les femmes, c'est la vie en couple avec des enfants qui réduit la probabilité d’atteindre les recommandations.
Les disparités régionales sont aussi fortes.
Pour l'activité physique, la Bretagne et l'Occitanie se distinguent par une fréquence significativement supérieure au niveau national, l’Île-de-France et le nord-est de l’Hexagone bien inférieure.
Malgré la promotion croissante du sport-santé, l’absence d’évolution favorable, notamment chez les femmes, "suggère de penser la prévention d’un mode de vie actif de manière plus systémique (...) au-delà des seules actions destinées à modifier les comportements individuels", jugent les auteurs de l'étude.
"Favoriser les modes de vie actifs dans les agglomérations, rendre l'environnement attractif et dynamique notamment pour les jeunes, créer des alternatives au travail sédentaire prolongé sont autant de moyens de lutter contre le manque d’activité physique et la sédentarité croissante", avancent-ils.
Pour la sédentarité, la recommandation française actuelle conseille de se lever pour marcher un peu toutes les deux heures, mais de récents travaux ont montré les bienfaits de ruptures de sédentarité plus fréquentes, notamment dès 20 minutes d’inactivité, pointe l'étude publiée par SpF.
"Fractionner le temps sédentaire, remplacer une partie du temps assis par la station debout, par quelques pas ou quelques mouvements, ou intégrer des pauses actives dans toutes situations de sédentarité prolongée (travail, études) seront bénéfiques", détaillent les chercheurs.
Et si la promotion de l’activité physique et sportive comme "grande cause nationale" en 2024, année des Jeux olympiques et paralympiques, devrait "contribuer à impulser de nombreuses initiatives", les auteurs de l'étude préviennent que "tout l’enjeu sera d’inclure l’ensemble des territoires et de la population, et de faire perdurer cet élan dans le temps".